Logorama and Co. - la critique

Une compilation fort sympathique de courts-métrages français d’animation.

L’argument : A travers six courts-métrages d’animation réalisés ces deux dernières années, nous explorons des sociétés où l’image et l’individu se confondent. Depuis la préhistoire, jusqu’à un futur imaginaire, en passant par notre monde contemporain revisité, des individus se dressent pour lutter contre ces sociétés ou simplement tenter d’y survivre.

Notre avis : Les six courts-métrages de Logorama and Co. n’ont bien entendu pas été réunis par hasard. Ils partagent indéniablement des thèmes communs et mettent ainsi en scène des mondes qui croulent sous les apparences, soumis à une forme de dictature (de l’image) : intrusion du virtuel (mais aussi du réel), assujettissement des symboles ou encore tyrannie de l’uniformité. Chacun des courts-métrages raconte à sa manière l’histoire d’une révolte, qu’elle soit politique, libertaire ou artistique (La Vénus de Rabo).

A la lueur des sujets abordés, le recours à l’animation semble une évidence. Il vient parfois amplifier les faux-semblants, et plus principalement dans Fard, peut-être le plus beau segment de ce programme. Dans une société totalitaire et aseptisée à la George Orwell, un homme se voit confier un paquet par un ami. A l’intérieur, il trouve une lampe torche dont la lumière révèle sa société sous un tout nouveau jour. Le film possède une indéniable puissance politique (on pense à Matrix) mais on regrette finalement qu’il n’ait pas eu une heure et demie pour approfondir son sujet. C’est un défaut commun à chacun des six films (la fin abrupte), lesquels peinent parfois à raconter une histoire, se contentant d’une idée ou d’un concept, délaissant ainsi leur narration. On pense par exemple à Pixels ou Rubika. On s’amusera dans le premier à repérer toutes les références aux vieux jeux vidéo 8 bits mais au-delà de la réussite technique, l’ensemble manque malgré tout d’un peu de profondeur. Même chose dans Rubika où le changement constant de gravité vient malgré tout joliment souligner les différences entre les multiples sociétés de notre monde.

On pourrait faire le même reproche à Logorama, en cherchant à déceler tous les logos à l’écran, mais celui-ci se montre nettement plus cinématographique que les autres (L’Homme à la Gordini s’en sort aussi très bien dans ce difficile exercice du court-métrage) avec des références notamment au cinéma de Quentin Tarantino. Et sur le fond, Logorama s’avère aussi réussi dans sa description d’un monde où l’omniprésence des marques finit par l’autodétruire (c’est symbolisé par le personnage de Ronald de la célèbre chaîne de fast-food). Comme souvent dans ce type de compilation, Logorama and Co. pèche légèrement par les différences de qualité entre les courts-métrages, mais la belle cohérence de l’ensemble emporte malgré tout la sympathie du spectateur.

Logorama and Co. - Bande annonce VF par _Caprice_