Les zombies à la ferme
Le 18 octobre 2019
Une série B qui s’assume et se joue des codes du genre, dans un savant cocktail d’humour noir, de situations rocambolesques et de férocité. Jouissif !
- Réalisateur : Abe Forsythe
- Acteurs : Josh Gad, Lupita Nyong’o, Alexander England
- Nationalité : Australien
- Distributeur : CGR/Originals Factory
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 18 octobre 2019
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Résumé : Dave, musicien raté, égoïste et irresponsable, tombe sous le charme de l’institutrice de son neveu, Miss Caroline. Il se porte volontaire pour accompagner la classe lors d’une sortie éducative dans une ferme voisine. Non loin de là, un virus s’échappe d’un camp militaire et une épidémie de Zombies prolifère. Face à l’invasion, Miss Caroline décide de présenter la terrible menace aux enfants comme un jeu éducatif, pour ne pas les effrayer et protéger leur innocence. Dave voit ses plans s’éloigner et va devoir faire face à ses responsabilités...
Notre avis : Le pitch de ce film australien a l’air con comme la lune : Dave, mauvais musicien vulgaire et immature, accompagne son neveu Felix en sortie scolaire, afin de séduire son institutrice Miss Caroline, tandis qu’un virus transforme les habitants de la région en zombies.
Ceci n’est pourtant pas un mauvais remake cinématographique de The Walking Dead, mais un film truculent, décalé, empreint de pop culture. C’est un vrai régal.
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Le récit est simple, mais riche et bien structuré. Le stéréotype de l’artiste raté, marginal et malheureux en amour incarné par Dave, devrait être, en principe, ennuyeux à mourir, si tous les autres personnages, bien écrits eux aussi, ne lui permettaient pas de se développer, voire de se complexifier tout au long de l’intrigue : il y a d’abord le fait que le petit Felix adore son tonton, qui est évidemment beaucoup plus cool que sa maman. En effet, tonton Dave l’autorise à jouer à des jeux vidéo violents en réalité virtuelle, et aime à lui faire croire qu’il possède les mêmes pouvoirs que Dark Vador. Si l’antihéros s’occupe de son neveu de manière totalement irresponsable, il va devoir le défendre, lui et ses camarades de classe, face à une horde de zombies, apprenant ainsi à devenir l’adulte qu’il refusait d’être jusqu’alors.
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Vient ensuite l’opposition entre la grossièreté et l’immaturité de Dave, et la douceur et la bienveillance sécurisantes de Miss Caroline envers ses élèves. Ce premier rôle féminin (qui est peut-être la véritable héroïne du film) sous-tend un discours anti-raciste et féministe. En effet, Miss Caroline est noire de peau, bien qu’aucune séquence ne le pointe explicitement du doigt, comme pour dire : l’héroïne est noire comme elle pourrait être de n’importe quelle couleur ; cela ne change rien au fait qu’elle est capable de surmonter ses propres peurs, de se faire femme d’action et de décapiter des morts-vivants - dans des séquences virevoltantes au montage dynamique, filmées caméra à l’épaule - pour protéger ses élèves, à qui elle fait croire que la lutte contre les zombies n’est qu’un jeu. Référence directe au chef-d’œuvre de Roberto Benigni, La Vie est belle.
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Ajoutons à cela la peur panique à mourir de rire de Teddy McGiggle, le présentateur d’une émission pour enfants... qui déteste les enfants et fait dans son froc dès qu’on lui met un petit coup de pression, et l’on obtient un cocktail explosif de candeur, de sang, de chair humaine et de musique.
Little Monsters joue la carte du mélange des cultures, alliant les codes classiques du film de zombies au côté rétro des premiers Star Wars et des groupes de heavy metal des années 80, et en créant un contraste systématique entre le cadre bucolique, coloré, enfantin de la ferme et les effets visuels gores.
Cependant, tout est parfaitement maîtrisé : la mise en scène et le montage, articulés autour des ruptures de rythmes des séquences et du récit, le bel équilibre entre humour décapant et grossièreté revigorante, les références cinématographiques et culturelles très larges. C’est surprenant, enthousiasmant, ça fait du bien !
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