Little Boy - Alejandro Monteverde - critique

Critique : Alejandro Monteverde (réalisateur, scénariste et producteur) est un cinéaste mexicain qui se plaît à créer des œuvres incitant les spectateurs à réfléchir sur des questions existentielles. Son premier film Bella a été récompensé en 2006 au Festival International du Film de Toronto. Avec Little Boy, il nous propose une comédie familiale sur fond de drame historique (elle se situe juste après l’attaque de Pearl Harbor), installée dans un décor de carte postale Disney, qui rend hommage à l’amour filial et la persévérance, le tout additionné d’une bonne dose d’humour et de dérision.

Copyright Capelight Pictures

Dans ce petit village de Californie des années 1940, tout le monde se connaît. Pepper pourrait être un petit garçon parfaitement heureux s’il n’était la risée de ses camarades car il est plus petit que la moyenne. Mais finalement il s’en moque car seule lui importe la relation privilégiée qu’il vit avec son père, inspirée par les exploits de leur héros de bande dessinée (le magicien Ben Eagle). Aussi, quel n’est pas le désespoir du gamin quand son père doit partir combattre à la place de son grand frère London qui a les pieds plats. À partir de là, il n’a plus qu’une idée : mettre tout en œuvre pour faire cesser cette guerre et voir revenir son père. Même s’il semble impossible qu’un petit garçon puisse y parvenir, lui, avec son innocence croit qu’il peut changer le monde. Pendant un sermon du dimanche, il entend le père Oliver déclarer que la foi peut soulever des montagnes. Pepper, à l’imagination galopante, lui demande son aide. L’homme d’Église lui donne une liste de tâches à accomplir (les recommandations de la Bible), dont la plus difficile à réaliser est de devenir ami avec Hashimoto, un Japonais âgé, exilé dans ce village depuis plusieurs décennies, mais victime du racisme des habitants car il symbolise les ennemis contre lesquels se battent les États-Unis. Pepper est rejeté par les enfants du village pendant que Hasimoto est la cible des adultes. Ils comprennent vite que leur intérêt est de s’entraider. Père Oliver le futé et Hasimoto le maudit combleront momentanément l’absence du père et permettront à Pepper de retrouver quelques repères. Ils lui apprendront le courage, la tolérance et la solidarité.

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Ce conte enjoué propose également une belle réflexion sur le pouvoir de la foi, tout en prenant bien soin de ne jamais tomber dans le piège de la bondieuserie grâce au facétieux père Oliver (le jovial Tom Wilkinson), joueur de poker à ses heures perdues. Rythmée et plutôt drôle, cette histoire est aussi l’occasion de nous offrir une description fidèle de la famille américaine de cette moitié du vingtième siècle... Un papa patriote,(Michael Rapaport touchant dans ce rôle de père-enfant), une maman puritaine et toute dévouée à sa famille. Mais une fois encore, le scénariste n’omet pas de pimenter son récit. Le frère aîné s’encanaille et le bon docteur Fox profite de l’absence du mari pour déclarer sa flamme à la mère de famille (Emily Watson qui trouve l’exacte mesure de dignité qui sied à son personnage). Mais bien sûr, c’est par Pepper (Jakob Salvati) que passe toute l’émotion. Ce jeune (sept ans) blondinet à la bouille innocente porte le film sans fléchir un seul instant, passant avec le même talent des scènes de tristesse aux éclats de rire. Une réalisation chaleureuse soutenue par une lumière aux tons resplendissants nous berce dans une ambiance rassurante propice à la rêverie enfantine et fait de Little Boy une aventure émouvante pour toute la famille, qui, sous couvert de faire la part belle à l’imaginaire, véhicule avec poésie et drôlerie les valeurs universelles de respect de l’autre, de fraternité et de volonté de réussite.