Le 1er décembre 2024
À mi-chemin entre Gaspar Noé et François Ozon, Les Reines du drame résonne comme un film choc qui réinvente l’écriture cinématographique et brouille les limites factices entre le masculin et le féminin.
- Réalisateur : Alexis Langlois
- Acteurs : Asia Argento, Alma Jodorowsky, Bilal Hassani, Louiza Aura, Gio Ventura, Nana Benamer
- Genre : Comédie dramatique, Musical, LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h55mn
- Titre original : Queens of Drama
- Date de sortie : 27 novembre 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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Résumé : 2055. Steevyshady, youtubeur hyper botoxé, raconte le destin incandescent de son idole, la diva pop Mimi Madamour, du top de sa gloire en 2005 à sa descente aux enfers, précipitée par son histoire d’amour avec l’icône punk Billie Kohler. Pendant un demi-siècle, ces reines du drame ont chanté leur passion et leur rage sous le feu des projecteurs.
Critique : Les Reines du drame est un film qui parle d’amour. Celui de deux chanteuses, contrariées par le vacarme de la télévision et du succès facile, ou celui d’une youtubeuse écartelée entre le désir d’amour et la rage. Dit autrement, ce premier long-métrage d’un(e) réalisateur-trice dont on perçoit le savoir-faire du clip, vient à point nommé pour parler d’une époque, la nôtre, où la question du genre ne doit pas faire ombrage à la construction sociale et identitaire de la jeunesse. Tout y est, le pire comme le meilleur, avec les réseaux sociaux qui peuvent broyer des jeunes gens fragiles, les émissions de télévision qui font croire à des gamins esseulés qu’ils seront les stars de demain, et la brutalité des médias qui écrasent ou encensent des artistes dans le seul intérêt de produire du buzz.
Il n’est pas étonnant que Bilal Hassani se soit donné avec beaucoup de joie dans ce premier long-métrage. L’interprète voue une admiration certaine pour le cinéaste avec lequel il a déjà travaillé. Avec une décontraction bluffante, il rentre dans la peau d’un youtubeur aussi cruel que drôle, éperdument amoureux d’une chanteuse Mimi Madamour, qui manifestement préfère à ses charmes, ceux d’une icône punk, Billie Kohler. Le rire et la critique acerbe contre une société où le paraître prend la place de l’être à travers les émissions télévisées ou les réseaux sociaux accompagnent ce récit aussi chantant que fantasque.
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Alexis Langlois est bien inscrit(e) dans son époque. Il/Elle en maîtrise les codes avec une grande aisance, ce qui lui permet d’appréhender avec précision et dérision, la psychologie des jeunes générations branchées du début des années 2000. Strass et paillettes accompagnent le récit amoureux de ces deux chanteuses, incapables de s’aimer sans se faire du mal. Les chansons, magnifiquement instrumentalisées, ponctuent ce récit truculent et incandescent de gamines paumées, en quête de reconnaissance et de bonheur.
Le festival de Cannes avait accueilli en 2024 cette première œuvre pendant la Semaine de la Critique avec l’exubérance et la joyeuseté que génère le récit. On s’était plu à admirer les costumes tous aussi inventifs qu’excessifs, et surtout à comprendre la magie d’un cinéma qui traverse cinquante années de vie, dans les compartiments exigus de studios de tournage. Alexis Langlois s’amuse et fait plaisir à son spectateur en rajoutant du rire au drame, et du drame à la superficialité générale du propos. Car il ne faut pas s’attendre à une œuvre profonde, réflexive. Au contraire, la matière du comique s’invite dans ces portraits de Queens totalement désinvoltes, à l’exception des deux héroïnes qui se perdent dans les tourments d’un amour compliqué.
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Les Reines du drame n’est peut-être pas fait pour être regardé par tout le monde. Non pas que le propos soit violent, mais certains ne verraient pas les subtilité d’une époque contemporaine où la notion de genre est totalement questionnée, dans une forme de réinvention du féminisme contemporain. Le rire est cruel et, en même temps, l’avenir semble s’ouvrir vers l’apaisement. On se demande maintenant, après un film aussi original, dans quelles directions Alexis Langlois trouvera l’inspiration pour son prochain long.
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