Le 10 avril 2019

Le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles écrit à Jean-Claude Juncker pour lui rappeler certains engagements pris à l’automne dernier.
News : Le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), qui représente plus de 400 entreprises adhérentes du spectacle vivant, des arts plastiques et graphiques, s’invite dans la campagne des Européennes, en réaffirmant l’indispensable rôle joué par la culture "au service de la démocratie et du dialogue entre les citoyens". Dans un communiqué intitulé "Pour une culture de la liberté, vers une politique intersectorielle", le Syndeac s’inquiète de la montée du populisme, marquée par la prolifération de discours nationalistes et identitaires et déplore que le monde de la culture et des arts soit le grand absent des débats politiques.
Se référant à une tradition humaniste du Vieux Continent, ciment de la liberté d’expression et de la tolérance envers l’autre, le texte s’adresse directement à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, qui avait déclaré le 14 novembre 2018 : "L’éducation et la culture sont la clé de l’avenir, tant pour l’individu que pour notre Union dans son ensemble". Selon le même texte, la France doit être la figure de proue du combat mené : "[Elle] peut donner l’exemple d’un maillage artistique et culturel public exceptionnel et c’est aussi l’efficience de l’art et de la culture qui doit être promue dans un projet européen contemporain", note le communiqué, avant de défendre la diversité comme vecteur du dialogue interculturel et de l’intégration des individus dans une même communauté. Cette volonté s’articule au désir de promouvoir la culture dans l’ensemble des territoires concernés et ne saurait accepter que des zones soient encore "vierges d’actions artistiques". Le propos se termine par trois demandes :
– "Une augmentation future du budget de la culture de 1% des dépenses
totales de l’Union, accessible à un large éventail d’organisations et
d’artistes, en complément du doublement du budget « Europe Créative »,
et de l’ouverture progressive des fonds structurels à l’art et la culture.
Rappelons qu’Europe Créative (2014-2020) est le programme-cadre de la Commission européenne, qui vise à soutenir les secteurs de la culture et de l’audiovisuel et dont le budget d’élève à 1,8 milliard d’euros. Il ne représente pourtant que 0,1% du budget global de l’Union européenne.
– "Que l’éducation artistique et culturelle prépare l’avenir des peuples
européens". Mais comment oublier que le programme-cadre, énoncé dans le Livre Vert de 2010, porte la marque intentionnelle de son titre - "Libérer le potentiel des industries culturelles et créatives"-, témoigne d’une volonté de marchandisation des biens culturels ? Il suffit de rappeler trois lignes du rapport officiel pour craindre que les louables intentions du Syndeac, issues de l’idéal des Lumières, ne se heurtent à une autre logique : "Si l’Europe veut rester compétitive dans cet environnement mondial en constante évolution, elle doit mettre en place des conditions permettant à la créativité et à l’innovation de s’épanouir dans une nouvelle culture entrepreneuriale". Ces quelques lignes font frémir.
– "Que la Culture contribue pleinement à la réalisation d’une croissance
économique intelligente, durable et inclusive."
On attend donc la réponse de Jean-Claude Juncker.