Les Nouveaux Loups du Web - la critique du film

Vous pensiez que Big Brother n’était qu’une fiction ? Ce geekumentaire armé d’arguments comminatoires va vous démontrer comment Facebook n’est pas votre ami.

L’argument : Avez vous déjà lu les conditions générales d’utilisation des données privées présentes sur chaque site internet que vous visitez, ou sur les applications que vous utilisez ? Bien sûr que non. Et pourtant, ces mentions autorisent les entreprises à utiliser vos informations personnelles dans un cadre au delà de votre imagination. Le film vous révèle ce que les entreprises et les gouvernements vous soustraient en toute légalité, à partir du moment où vous avez cliqué sur « J’accepte », et les conséquences scandaleuses qui en découlent.

Notre avis : S’il y a de ces documentaires capables de faire enfler notre paranoïa en exposant au grand jour des vérités cachées, alors Les Derniers Loups du Web se range sous toute logique dans cette catégorie. Cullen Hoback convoque une problématique dans l’air du temps, à savoir l’utilisation illicite de nos données personnelles par les géants du web (Facebook, Google et consorts). Servi par un propos accessible où se succèdent de nombreux témoignages illustrés (dans un schéma hélas un peu trop conventionnel), le film cherche à nous sensibiliser en contournant finement un discours au militantisme unilatéral.
Pour les personnes considérant le web comme un simple outil du quotidien et rien de plus, les révélations risquent d’être forcément décapantes. En revanche, cette petite investigation ne se montrera pas aussi instructive que prévu aux yeux de ceux qui ont déjà une petite idée du problème. Car ce n’est plus vraiment un mystère, accepter de souscrire aux conditions d’utilisation des réseaux sociaux et autres moteurs de recherche (que celui qui s’est un jour amusé à les éplucher jusqu’au bout lève la main ? Personne...on s’en doutait...), c’est autoriser des entreprises du web à avoir accès à des informations (quand elles ne les partagent pas directement) sans que vous n’y portiez le moindre soupçon.

Cette liste de renseignements parfois plus précise qu’une carte d’identité nationale, permet de décrypter très précisément jusqu’à nos modes de vie et de consommation. Alors que l’ombre de la menace sur notre vie privée ne cesse de planer, le documentaire va même encore plus loin lorsqu’il nous explique que ces précieuses informations, livrées avec notre consentement aveugle, sont échangées puis utilisées par les services de sécurité de l’état, dans le but nous dit-on, de lutter contre le terrorisme ou tout autre forme d’activité illégale. Ce qui n’évite hélas pas les suspicions un peu hâtives. À ce titre, les exemples d’utilisateurs pris pour cible pour un tweet ambigu ou un statut à double sens savent se montrer pertinents puisqu’ils se révèlent aussi amusants qu’inquiétants.
Sans même nous en rendre compte, ce que nous prenons pour du confort numérique est une atteinte à la liberté et viole en réalité nos droits les plus fondamentaux. Comme quoi, la réalité peut parfois dépasser la (science-)fiction. De là à considérer les réseaux sociaux et autres moteurs de recherche comme notre premier ennemi virtuel, il n’y a qu’un pas que les auteurs de ce documentaire balisé, mais un peu conventionnel, ont vite franchi.