Les neiges du Kilimandjaro - le test DVD

La troupe marseillaise reprend du service en DVD & blu-ray pour le dernier opus de Guédiguian, plus engagé et politisé que jamais !

L’argument : Bien qu’ayant perdu son travail, Michel vit heureux avec Marie-Claire. Ces deux-là s’aiment depuis trente ans. Leurs enfants et leurs petits-enfants les comblent. Ils ont des amis très proches. Ils sont fiers de leurs combats syndicaux et politiques. Leurs consciences sont aussi transparentes que leurs regards. Ce bonheur va voler en éclats avec leur porte-fenêtre devant deux jeunes hommes armés et masqués qui les frappent, les attachent, leur arrachent leurs alliances, et s’enfuient avec leurs cartes de crédit… Leur désarroi sera d’autant plus violent lorsqu’ils apprennent que cette brutale agression a été organisée par l’un des jeunes ouvriers licenciés avec Michel.

Le film : Avec ce dix-septième film, l’infatigable Guediguian renoue avec son décor de prédiliction : l’Estaque. Pour la bande de Dernier été, c’est enfin l’heure de la retraite, du repos, du désengagement. Mais pour Michel (Jean Pierre Darroussin) évider les poissons, garder les petits-enfants, construire des pergolas, c’est ’’petit bourgeois’’. Il veut plus. Victimes d’une aggression à main armée, Michel et Marie Claire (Arianne Ascaride) se mettent en tête de mener enquête, pas pour se faire justice non, pour comprendre. Face à l’absurdité d’un monde qui cambriole les gens modestes, ils ne veulent pas se résigner. Comment a on pu en arriver là ? C’est la crise leur répond on. Mais ça ne leur suffit pas. Ce jeune homme qui les a volés, qui est comme eux, ex-collègue d’usine de Michel, ce jeune homme qui dans une autre vie n’aurait pas fait de mal à une mouche et qui, poussé au désespoir, n’a pas su trouver d’autre secours, ce jeune homme là, ils veulent l’aider. Autour d’eux, la vie se résigne et pourtant ils y croient encore. Le ’’coeur conscient’’ (Pasolini), ils s’évertuent à prêter attention, s’efforcent à regarder, et continuent d’ouvrir les yeux, sur l’autre, tout simplement. Les drapeaux sont baissés sur le port de l’Estaque, les poings sont découragés et les jeunes s’individualisent plus qu’ils ne se rassemblent. Une ’’terrible absence de fédération’’ selon le cinéaste.
Un film réussi, sur la crise au sens large du terme, économique, politique, social mais aussi et surtout idéologique.

La critique complète ici

Les suppléments :

Une édition bonus à l’image du cinéatse : simple, epuré, et efficace. Ici pas une multitude de suppléments divisés et catégorisés mais un seul et même bloc : un documentaire sur l’oeuvre, la vie, la cinématographie de Robert Guédiguian. Complet et percutant, le film mêle adroitement la jeunesse militante (PCF), la naissance d’une famille cinématographique, les influences Brechtiennes et Pasoliniennes, aux dix-sept films qui jalonnent le parcours du cinéaste marseillais.

L’image :

Douce et délicate, l’image crépusculaire de ce couple en pré-retraite est loin des rayons meurtriers de Dernier été, de Rouge Midi, et de Marius et Jeanette. Plus tamisée, moins directe, presque assagie, elle diffuse sur les personnages un petit grain de philosophie. L’âge peut-être...

Le son :

Une bonne version 5.1 qui démultiplie bruitages et sons d’ambiance pour une meilleure immersion. Le petit plus : la proposition d’une télé-descritpion pour sourds et malentendants.