Guerre sans paix
Le 18 janvier 2014
Une page oubliée de la résistance face au nazisme, dans la Biélorussie de 1941. Une trame foncièrement intéressante et pleine d’ambitions, mais qui s’enlise rapidement dans les sentiers battus et le conformisme.
- Réalisateur : Edward Zwick
- Acteurs : Daniel Craig, Liev Schreiber, Jamie Bell
- Genre : Drame, Historique, Film de guerre
- Nationalité : Américain
- Durée : 2h17mn
- Titre original : Defiance
- Date de sortie : 14 janvier 2009
- Plus d'informations : Le site du film
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Une page oubliée de la résistance face au nazisme, dans la Biélorussie de 1941. Une trame foncièrement intéressante et pleine d’ambitions, mais qui s’enlise rapidement dans les sentiers battus et le conformisme.
L’argument : En 1941, les armées d’Hitler envahissent l’Europe. Leur implacable progression coûte la vie à des millions de juifs. Pour trois hommes, cette tragédie marque le début d’une guerre dans la guerre. Lorsque leur petit village d’Europe de l’Est est envahi, les frères Bielski se réfugient dans une profonde forêt qu’ils connaissent depuis leur enfance. Ils se contentent d’abord de survivre mais la rumeur de leur exploit se répand et d’autres les rejoignent, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, prêts à tout risquer pour rester vivants et libres. Peu à peu, les trois frères vont recueillir des centaines de pourchassés et contrecarrer les plans de leurs redoutables attaquants. Face à l’adversité, au nom de ceux qu’ils ont perdu, ils vont sauver plus d’un millier de vies...
Notre avis : Si la Seconde Guerre mondiale continue, plus de soixante ans après sa fin, d’être aussi représentée à l’écran, c’est peut-être qu’elle demeure un formidable vivier de récits non fictionnels ou d’ « histoires bis », absents des manuels scolaires, mais également importants à leur échelle. C’est l’une de ces pages d’histoires individuelles et oubliées que se propose de relire Edward Zwick en nous plongeant dans la Biélorussie de 1941, au plus fort des rafles nazies contre les Juifs. L’épopée de Tuvia Belski, de ses frères et de la communauté rassemblée autour d’eux pour tenter d’organiser la survie coûte que coûte en pleine forêt, dessine ainsi une continuité thématique avec les valeurs-phares du réalisateur : il est question d’héroïsme, de résistance face à la barbarie, de dignité humaine, d’intégrité. Ses héros ont beau être tiraillés de toutes parts, séduits par l’esprit de vengeance ou de rivalité, le récit entier est une célébration de la droiture d’âme dans les conditions matérielles et psychologiques les plus difficiles qu’on puisse imaginer. Mais devant un tel programme, le film s’épuise. Si quelques séquences assez bien composées, comme celle où les frères Bielski viennent se venger du village voisin, redonnent occasionnellement un souffle certain au projet, l’ensemble s’engouffre la plupart du temps dans les clichés attendus. La volonté de « scénariser » la fiction pour la rendre plus attrayante à l’écran semble surtout avoir conduit à injecter dans le script final des ficelles narratives repérables. La galerie de personnages qui défile au sein du campement (le lettré, l’idéaliste socialiste, la jeune femme fragile...) semble ainsi non seulement manquer d’originalité, mais encore souffrir d’une pauvreté psychologique patente. Certes, cette page d’héroïsme méritait d’être entendue et ses protagonistes reconnus ; mais Zwick noie les ambiguïtés et la sobriété possibles sous un pathos qui entraîne davantage l’agacement que l’apitoiement. On notera pourtant les très belles prestations de Daniel Craig et de Jamie Bell (le garçon-danseur de Billy Elliot), qui, malgré un accent russe difficilement crédible, apportent suffisamment de subtilité à leur jeu pour nous toucher, tant par leur performance individuelle que par la relation de complicité qu’ils établissent entre leurs deux rôles.
Au final, Les insurgés ne dépasse pas vraiment les ambitions du film de guerre lambda, dont il hérite tous les écueils. Bien que le travail de la bande-son, particulièrement riche au niveau des effets sonores, crée la surprise, Zwick s’est contenté pour la mise en scène de reprendre des procédés qui finissent par confiner à l’ « astuce » plus qu’au résultat d’une réflexion esthétique : les ralentis suggérant un trop-plein de violence, un sifflement prolongé pour signifier une surdité passagère... Partant de grandes ambitions, le film livre donc un résultat sans grande « faute » formelle, mais aussi sans réelle prise d’initiative qui aurait pu rendre dynamique un travail de recherche sur le fond qu’on se doit de reconnaître à la fois impeccable et considérable. Reste qu’il s’agit d’une fiction, non d’un documentaire ou d’une thèse ; sur une durée totale de plus de deux heures, le risque d’essoufflement du film et d’ennui du spectateur est donc malheureusement réel.
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