Le 19 octobre 2022
Un film d’animation qui témoigne, avec pudeur et grâce, des ravages de l’intégrisme sur la société afghane à la fin des années 90.
- Réalisateurs : Zabou Breitman - Eléa Gobbé-Mévellec
- Acteurs : Simon Abkarian, Hiam Abbass, Swann Arlaud, Zita Hanrot
- Genre : Animation
- Nationalité : Français
- Distributeur : Memento Distribution
- Durée : 1h21mn
- Date télé : 29 novembre 2023 21:00
- Chaîne : OCS Pulp
- Date de sortie : 4 septembre 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019
Résumé : Eté 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s’aiment profondément. En dépit de la violence et la misère quotidienne, ils veulent croire en l’avenir. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies.
Critique : La comédienne, réalisatrice, scénariste et metteuse en scène de théâtre Zabou Breitman s’adjoint les talents de la graphiste Eléa Gobbé-Mévellec à qui l’on doit, entre autres, les dessins de Ernest et Célestine, Le chat du rabbin, le jour des corneilles pour raconter, en suivant le parcours de deux couples, l’existence difficile du peuple afghan, particulièrement des femmes et des intellectuels, pris au piège du régime dictatorial des talibans.
- Copyright Memento Films Distribution
Le choix d’un film d’animation, plutôt que de prises de vue réelles, atténue la violence des évènements tragiques, inspirés du roman éponyme de Yasmina Khadra et adresse, par la même occasion, un signe de défi à ces tyrans qui ont interdit la représentation, sous toutes ses formes, de l’être humain. D’ailleurs, dans cette ville autrefois vivante et lumineuse (un plan coloré qui montre des femmes habillées à l’occidentale, sortant joyeusement d’un cinéma, s’efface rapidement pour laisser place aux teintes grises d’un bâtiment aujourd’hui délabré), tout est désormais interdit : la musique, les spectacles, mais aussi le port de chaussures blanches ou d’une chemise aux manches relevées au-dessus du coude, tandis que les femmes sont condamnées à ne regarder la vie qu’à travers le grillage de leur burqa. Ne subsistent que les coups, l’emprisonnement, la lapidation et la soumission. Malgré le danger permanent, nombreux sont ceux qui cherchent à se libérer de cet étau. C’est le cas de Mohsen (dont l’état mental se dégrade alors qu’il se surprend à jeter, comme tous ceux qui l’entourent, une pierre sur une femme, lors d’une lapidation publique) et Zunaira, un jeune couple d’enseignants désormais sans emploi, qui se retrouve lié par un malheureux concours de circonstances au destin d’Atiq, un ancien moudjahidin qui a combattu les Soviétiques et se trouve maintenant assigné au poste de gardien de la prison des femmes. Il est marié à Mussarat, très gravement malade, qu’un frère de combat lui conseille de répudier, affirmant « qu’aucun homme ne doit quoi que ce soit à une femme ». Pour compléter le déchirant tableau de ce pays en proie à la terreur, le récit s’enrichit de quelques personnages secondaires, aux caractères bien trempés, tels que Nazish, un ancien mollah qui a gardé la foi, mais ne supporte plus les abus commis au nom de la religion, ou le professeur Arash, à la tête d’une école clandestine. Tous sont entrés en résistance.
- Copyright Memento Films Distribution
Loin de tout parti pris, les réalisatrices entendent avant tout rendre hommage à ces combattants contre l’obscurantisme, tout en préservant le spectateur d’une violence trop brutale grâce à la poésie des dialogues, à la légèreté suggérée des tons pastels et la douceur des visages tout juste esquissés. Au milieu de cette barbarie, quelques images d’une main posée sur une jambe ou d’un baiser langoureux, réservent quelques instants de sensualité inattendue. Mais c’est à coup sûr à travers le casting minutieusement choisi et dont l’originalité va jusqu’à reconstituer l’ébauche des traits réels des comédiens (Swann Arlaud, Rita Hanrot, Simon Abkarian, Hiam Abbas, Michel Jonasz...) qui prêtent leur voix, que se révèle toute la force dramatique de cette œuvre bouleversante.
En abordant avec délicatesse quelques sujets vibrants, parmi lesquels la force de résistance d’un amour pris au piège d’un conflit, ou le respect des droits de la femme, le tandem Breitman/Gobbé-Mévellec réussit un plaidoyer universellement touchant autour de l’espoir et de la liberté, à l’instar du plan final d’un groupe d’hirondelles volant vers d’autres horizons.
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ceciloule 14 septembre 2019
Les hirondelles de Kaboul - la critique du film
Touchant et poétique, je suis d’accord, mais malgré tout on reste en dehors de ce dessin-animé. Si l’on prend certes conscience des atrocités commises sous le régime des Talibans, on regrette de ne pas plus s’attacher aux personnages et le scénario reste bien en-deçà de la qualité du graphisme... (plus d’infos ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/09/14/le-graphisme-surpasse-le-scenario-les-hirondelles-de-kaboul-zabou-breitman/)