Le 15 avril 2022
Un témoignage précieux qui rend hommage à une psychiatrie attachée à la liberté, à la dignité de ses patients et à la défense de la liberté.
- Réalisateur : Martine Deyres
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Suisse, Belge
- Distributeur : DHR - A Vif Cinémas
- Durée : 1h17mn
- Date de sortie : 20 avril 2022
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Résumé : Sous le régime de Vichy, Quarante-cinq mille internés sont morts dans les hôpitaux psychiatriques français. Un seul lieu échappe à cette hécatombe. À l’asile de Saint-Alban, soignants, malades et religieuses luttent ensemble pour la survie et accueillent clandestinement réfugiés et résistants. Grâce aux bobines de films retrouvées dans l’hôpital, "Les Heures heureuses" nous plonge dans l’intensité d’un quotidien réinventé où courage politique et audace poétique ont révolutionné la psychiatrie d’après-guerre.
Critique : Une photo immense commence le film. Un homme et une femme discutent. Ce sont deux soignants à la retraite. Sur le papier noir et blanc, les gens posent. Les malades mentaux se mêlent indéfiniment aux personnels qui œuvrent à leur côté. Nous sommes exactement dans ces mouvements innovants qui ont structuré une partie de la psychiatrie française où la camisole de force et l’enfermement étaient interdits. C’était une psychiatrie innovante, entre le soin et le médico-social, avec des vertus inclusives d’abord avant d’être thérapeutiques.
- Copyright À Vif Cinémas
On pourrait accuser Martine Deyres de démagogie. En réalité, elle nourrit son discours en faveur de l’antipsychiatrie à partir de films anciens d’après-guerre et des commentaires passionnés des soignants. Naturellement, ce type de documentaire laisse entendre qu’avant c’était mieux. Mais résolument, cette organisation des soins défendue par un certain docteur Paul Balvet visant à humaniser la prise en charge des malades mentaux est visionnaire. Tout le projet hérité des orientations du Front populaire et du mouvement pédagogique innovant du docteur François Tosquelles défend une représentation du soin libérée des carcans de l’enfermement.
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C’est très touchant d’entendre la voix de Tosquelles lui-même. L’homme pense la psychiatrie dans un écosystème dynamique qui intègre les habitants dans le projet de soins. Le documentaire témoigne d’une alternative à la psychiatrie traditionnelle mais aussi de l’importance du centre hospitalier de Saint-Alban pendant la Seconde guerre mondiale où de nombreux malades ou indigents et même de grands intellectuels comme Éluard ont échappé à la barbarie des camps de concentration. Balvet et Tosquelles, puis plus tard Bonnafé, militent pour une prise en charge qui soit digne, adaptée et soucieuse d’humanité. L’expérience de cette institution préfigure le développement de l’ergothérapie qui a aujourd’hui toute sa place dans les protocoles médicaux.
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Demeure le mystère du titre. Les Heures heureuses parle d’une époque où la maladie mentale était loin d’être au cœur des préoccupations sociales. En tous les cas, cet hôpital de Saint-Alban est un exemple de militantisme social et thérapeutique.
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