Le 4 juin 2021
Un téléfilm qui se drape dans les habits de la sociologie bourdieusienne. Mais les situations de conflictualité sont largement atténuées par des intentions fondamentalement édifiantes.
- Réalisateur : Nolwenn Lemesle
- Acteurs : Lucie Fagedet, Fanta Kebe, Tracy Gotoas
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Arte
- Durée : 1h20min
- Date télé : 4 juin 2021 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 4 juin 2021
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Résumé : Sanou, excellente élève d’un collège de Seine-Saint-Denis classé REP+, fait son entrée en seconde au prestigieux lycée Henri-IV, à Paris. Alors qu’elle éprouve des difficultés à se familiariser avec son nouvel environnement, elle devient la tutrice de Khady, une boule d’énergie et de colère passionnée de breakdance, élève de troisième dans son ancien établissement. Les deux adolescentes vont vivre une année décisive.
Critique : Sanou fait son entrée dans le temple de la méritocratie scolaire, le lycée Henri-IV : c’est ce qu’assène la proviseure du haut de son balcon, devant des élèves attentifs comme les soldats d’une armée. La jeune fille, arrivée des quartiers populaires de Saint-Denis, est d’emblée toisée par certain-e-s de ses camarades, qui ont du mal à dissimuler leur mépris social. Le téléfilm se construit sur une opposition attendue de deux environnements : la banlieue où vit la lycéenne, impactée par la précarité sociale et économique, et l’entre-soi d’une classe favorisée où règne une certaine homogénéité scolaire. Sans surprise, les élèves y ont les yeux fixés sur l’excellence de leurs performances.
Dans cet univers de compétition, où chacun-e montre ses muscles par sa langue et ses références culturelles, Sanou reste sur son quant-à-soi. Le téléfilm tournerait rapidement en rond s’il n’avançait pas son argument de poids : le tutorat d’une collégienne, avec qui, justement, Sanou a eu un premier contact pour une histoire de ballon volé.
On pourrait penser à une illustration des théories bourdieusiennes par l’exemple, le titre du téléfilm incitant au rapprochement. On pourrait aussi songer aux textes d’Annie Ernaux, même si le tiraillement auquel est soumise la protagoniste, entre son envie de réussir et son impression de trahir, se trouve nettement adouci par la mise en scène plutôt didactique et pleine de bons sentiments, qui donne à chaque personnage une dimension purement symbolique. Ainsi, la CPE est envisagée comme une figure tutélaire irréprochable et passionnée. Il est vrai que, non contente de jouer les coachs en motivation, elle admoneste l’équipe éducative comme une entraîneuse de foot, quitte à renvoyer la prof de musique dans ses cordes. Quand un dossier doit passer coûte que coûte, on fait litière des disciplines artistiques pour y arriver.
Les Héritières est un récit initiatique qui semble avoir écrit la fin, avant même d’imaginer qu’une plus grande conflictualité lui aurait permis d’échapper à son statut de récit édifiant, où, en gros, une réussite scolaire consiste à rejoindre un lycée bourgeois de centre-ville. Comme il se doit, la validation définitive de l’héroïne prend la forme d’un simili grand oral. C’est la mode du moment.
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