Le 7 mars 2021
Un grand et beau western, à la fois tendre et brutal, qui donne une certaine image de l’Amérique : celle d’une nation d’enfants perdus, cupides et incapables d’appréhender les conséquences de leurs entreprises.
- Réalisateur : Jacques Audiard
- Acteurs : Joaquin Phoenix, Jake Gyllenhaal, John C. Reilly, Riz Ahmed, Rutger Hauer, Carol Kane
- Genre : Aventures, Western
- Nationalité : Français
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h57mn
- Date télé : 13 juillet 2024 22:40
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : The Sisters Brothers
- Date de sortie : 19 septembre 2018
Résumé : Charlie et Elie Sisters évoluent dans un monde sauvage et hostile, ils ont du sang sur les mains : celui de criminels, celui d’innocents... Ils n’éprouvent aucun état d’âme à tuer. C’est leur métier. Charlie, le cadet, est né pour ça. Elie, lui, ne rêve que d’une vie normale. Ils sont engagés par le Commodore pour rechercher et tuer un homme. De l’Oregon à la Californie, une traque implacable commence, un parcours initiatique qui va éprouver ce lien fou qui les unit. Un chemin vers leur humanité ?
Critique : Un grand tableau nocturne, aplats noirs et le bleu nuit de l’horizon. Puis, des éclats oranges, des coups de feu. L’ouverture des Frères Sisters, le dernier film de Jacques Audiard après sa palme d’or, Dheepan, est impressionnante.
Impressionnante parce que sèche, mais à la fois gracieuse et maîtrisée. Un art certain de la mise en scène.
- Photo : Shanna Besson - Tous droits réservés
L’on imagine alors des hommes taiseux, tourmentés par le poids de la violence qu’ils doivent semer derrière eux, mais non. Charlie et Eli Sisters, respectivement interprétés par Joaquin Phoenix et John C. Reilly, sont bavards, discutent de leurs objectifs, de leur passé et, en somme, de leur vision de leur existence.
Lancés à la poursuite d’un prospecteur qui posséderait une mystérieuse formule chimique pour trouver de l’or, précédés par le détective privé du Commodore (Rutger Hauer, froid et raide) qui les emploie les frères Sisters, tueurs à gages, effeuillent lentement leur carapace de durs à cuire.
- © 2018 Magali Bragard - UGC Distribution. Tous droits réservés.
À l’autre bout de la route, le duo formé par Jake Gyllenhaall et Riz Ahmed (premier rôle de l’excellente mini-série HBO The Night Of, pour ceux qui ne le connaissent toujours pas) contamine cette histoire d’utopies socialistes avant l’heure.
C’est que le récit, d’abord centré sur une relation fraternelle, avec toute la tendresse et les difficultés que cela implique, bifurque sur l’ouverture d’une possible alternative pour des personnages qui n’ont jamais connu que la violence, transmise de père (alcoolique) en fils.
- Photo : Magali Bragard. Tous droits réservés.
C’est là que, mine de rien, Audiard dessine en creux son portrait de l’Amérique. Celle d’enfants pour qui ce serait tous les jours Noël, qui prennent parce qu’ils le peuvent sans se soucier des conséquences. Hermann parvient à convaincre Morris de la valeur de la notion de partage, d’une société sans violence, sans meurtre. Mais même lui a besoin d’or pour mettre à bien son projet. Et alors, pour le trouver plus rapidement, plus efficacement, comme un rappel des notions de productivité propres au capitalisme sauvage qui caractérise toujours les États-Unis ; il faudra polluer les rivières et se ronger la peau.
- © 2018 Shanna Besson - UGC Distribution. Tous droits réservés.
Derrière cette petite histoire intime se cache donc une peinture de l’Amérique passée et actuelle. Toujours aller plus loin, toujours prendre plus avec les meilleures techniques, sans se soucier du malheur des autres et de l’impact sur l’environnement. Le plan sur les poissons morts est explicite. Mais les frères Sisters sont l’exemple que même le plus corrompu des cœurs peut un jour changer, là est aussi l’utopie d’Audiard.
La séquence finale, qui est un retour à l’origine, quand tout ailleurs a échoué, est d’autant plus bouleversante. Les plans sont composés de telle sorte qu’ils incluent en eux-mêmes le passage du temps, comme A Ghost Story pouvait le faire ou encore à l’instar du génial Profession : Reporter d’Antonioni, et tout se termine dans la grâce et la tendresse.
Au final, c’est l’histoire de deux frères qui échappent à un monde cruel.
Après le très beau Hostiles de Scott Cooper sorti en mars, Jacques Audiard signe ici l’autre grand western de 2018.
- Design : RYSK - Photo Shanna Besson © 2018 UGC Distribution. Tous droits réservés.
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Samfichier 1er octobre 2018
Les frères Sisters - Jacques Audiard - critique
Je ne comprends pas la note pour ce film. Je l’ai vu avec un collègue qui aime "tous les films" même ceux que je trouve ennuyeux et là, lui-même le trouve "pas terrible".
Moi j’ai passé deux heures à m’ennuyer comme un rat mort ; le scénario écris sur un ticket de métro étiré à 1km, pas de rebondissements, aucune intelligence dans le scénario et la réalisation. Un navet comme un réalisateur français sais en faire.
Il n’y a que l’excellent jeu des acteurs, les beaux paysages et les beaux travelling qui sauvent un peu le film et encore je suis gentil et il fallait trouver un truc positif.
cherjohn 11 octobre 2018
Les frères Sisters - Jacques Audiard - critique
Vu ce film hier soir le 10-10.
Eh bien moi aussi je me suis ennuyé.
Les 3/4 du film se passent à cheval en 2 groupes de personnages.
Chacun se raconte. C’est plan-plan au possible.
Histoire assez nulle.
A la fin c’est la rédemption des tueurs (les frères), mais peut-on excuser des tueurs ?
C’est un film linéaire, sans surprise, pour qui veut s’endormir.
L’image est filtrée par une couleur tendance sépia qui dénature la beauté des paysages.
On dirait qu’Audiard n’a pas été à l’école de Sergio Leone, le maître du genre Western.
birulune 29 octobre 2018
Les frères Sisters - Jacques Audiard - critique
La vache ! Vous êtes dur les gars ! J’ai adoré. Un western à l’envers :les cowboys mercenaires se livrent tel quel, avec leur félure (la paternité en prend un sacré coup comme d’habitude mais c’est pas gênant) et comme toujours dans ce type de film c’est l’association la clé, mais sans la trahison, c’est la grande nouveauté du film, Leone a élimé le thème en même temps qu’il créait le thème fétiche de ses films et voir enfin un western où on s’enBIP pas mais où l’on cherche le bonheur pour tous... Bonne histoire, incroyable, et si on regarde bien un grand film mythique du maître, le Bon la Brute et le Truand, c’est Tuco le vrai héros, au final, le truand mytho qui est le seul personnage développé dans le film !
Comme les frères sisters, l’enfance et le rapport à l’autre sont la clé de voûte de scènes d’action particulièrement bien amenées, mais sans la guerre, et la course à l’or, le grand sujet des deux films, se fait en amont chez Audiard.
unrgen pikendorf 19 janvier 2019
Les frères Sisters - Jacques Audiard - critique
Je viens de le visionner, quelle déception, moi qui m’attendais à un récit palpitant ! je rejoins les avis précédents,Audiard à loupé quelque chose, sans parler de l’utopie d’un monde merveilleux conté par Herman...
Là ou la ballade de buster Scruggs des frères Coen et une superbe réussite, magnifiques images et paysages de l’ouest Américain, les frères Sisters sans être un mauvais film est décevant.
Par contre la réalité historique ainsi que les costumes sont parfaitement retranscrits, en 1951 les révolvers n’avaient pas de cartouche à douille, on le voit lorsque Élie recharge les révolvers, poudre noire,balle et suif pour empêcher la balle de tomber.
les fusillades avec effets pyrotechnique (poudre noire qui s’enflamme au départ du coup) sont réalistes elles aussi.
Un 6/10 pour moi