Ville ouverte - bis
Le 31 mars 2012
Un Rossellini mineur mais néanmoins captivant. Giovanna Ralli y assume avec panache un rôle à la Anna Magnani.
- Réalisateur : Roberto Rossellini
- Acteurs : Laura Betti, Renato Salvatori, Giovanna Ralli, Sergio Fantoni, Paolo Stoppa, Giulio Calì, Enrico Maria Salerno, Peter Baldwin, Rosalba Neri, Leo Genn, Serguei Bondartchouk, Hannes Messemer
- Genre : Drame, Film de guerre
- Editeur vidéo : Tamasa
- Durée : 2h15mn ( DVD: 2h09mn )
- Titre original : Era notte a Roma
- Date de sortie : 5 juillet 1961
- Plus d'informations : http://www.tamasadiffusion.com
L'a vu
Veut le voir
– Prix Spécial du Jury au Festival de Karlovy Vary
– Golden Gate Award – San Francisco 1960
– Sortie en DVD le 2 avril 2012
Un Rossellini mineur mais néanmoins captivant. Giovanna Ralli y assume avec panache un rôle à la Anna Magnani.
L’argument : En novembre 1943, l’Italie est à moitié occupée par les alliés. Un américain, un anglais et un russe s’évadent d’un camp de prisonniers. A Rome, ils sont recueillis par Espéria, une jeune femme qui fait du marché noir et par son fiancé Renato, un résistant ...
Notre avis : En 1959 Il Generale Della Rovere avait permis à Roberto Rossellini de renouer avec le succès après quinze ans de pratique intransigeante d’un cinéma au présent dont la modernité et le tranchant avait dérouté le public et une bonne partie de la critique.
- Era notte a Roma - Rossellini (1960)
On ne peut s’empêcher de penser que ce succès et les nombreux prix récoltés un peu partout récompensaient, outre les réelles qualités du film, le choix d’un sujet historique (même s’il s’agissait d’un passé récent) et les concessions à la psychologie, au discours édifiant et à tout ce qui relevait du métier, c’est à dire d’un indéniable savoir-faire professionnel.
Tourné dans la foulée, au tout début de l’année 1960, Era notte a Roma appartient à la même veine et présente des qualités et des défauts similaires.
Le sujet rappelle celui de Rome ville ouverte (la capitale italienne dans l’attente de la libération par les troupes alliées) et cette proximité invite à la comparaison entre les deux films, faisant cruellement ressortir les faiblesses de ce Quinze ans après. Elles ne sont sans doute pas dues aux éléments mélodramatiques de caractère feuilletonnesque (le personnage odieux et pathétique du boiteux Tarcisio joué par l’acteur américain George Petrarca) ni à la musique oppressante de Renzo Rossellini qui installe efficacement une atmosphère de peur diffuse. Ces éléments étaient déjà présents dans le chef d’oeuvre de 1945 et contribuaient même, en assumant un pathos naïf et franc du collier, à la force de son impact sur le spectateur.
Mais ici une impression de fabriqué atténue considérablement la portée de l’ensemble. Trop de choses sonnent faux : Le discours humaniste un peu vague et général, le ton de comédie pas franchement légère de la première partie (les drôles de bonnes soeurs, le dindon qui s’échappe), l’épaisse couche de folklore romain, les personnages trop typés (le russe en proie aux tourments de l’âme slave, l’anglais évidemment flegmatique, l’officier allemand snob fréquentant les salons de l’aristocratie).
- Giovanna Ralli - Era note a Roma
On sent bien que Rossellini n’y croit plus tout à fait et son recours au zoom qui écrase l’espace peut être vu comme une facilité (les figures viennent vers le spectateur). Mais en dépit de toutes les réserves formulées plus haut, Era notte a Roma est loin de laisser indifférent. Le film contient bien des épisodes marquants et dont la mise en scène utilise au mieux les ressources dramatiques d’un lieu (l’appartement avec l’accès clandestin au grenier du palais, l’église attenante au monastère où sont cachés les partisans déguisés en prêtres). Quant aux irruptions d’une violence qui reste le plus souvent hors-champ, elles sont d’une efficacité redoutable (la rafle dans l’atelier de fabrication de bombes ; la marmite d’eau bouillante jetée au visage de la crapule).
Dans un registre à la Anna Magnani, le rôle d’Esperia, la popolana débrouillarde, à la répartie facile et au grand coeur, autour de laquelle tout s’organise et dont l’humanité révèle pour ainsi dire celle des autres, est trop évidemment écrit sur mesure pour Giovanna Ralli. L’engagement et la beauté de l’actrice, qui a droit à l’attention amoureuse de la caméra, lui permettent néanmoins d’oublier souvent les ficelles d’un métier (trop) sûr pour atteindre justesse et émotion.
Le génie de Rossellini est donc bien présent dans cette oeuvre assurément mineure mais néanmoins captivante qu’on aurait tort de négliger.
Le DVD
- Era notte a Roma - Rossellini (1960)
L’édition DVD de Tamasa bénéficie d’une présentation élégante et d’une qualité technique correcte.
Les suppléments
Comme pour les autres titres de la collection, pas de véritables bonus sur le disque (à part une jolie galerie de photos et une filmographie de Rossellini) mais un livret d’accompagnement illustré de 12 pages contenant une fort bonne présentation du film, claire et riche en informations, par Jean A. Gili.
Image
La copie n’a apparemment pas été restaurée et présente de nombreuses menues griffures et fourmillements. Quant à la légère impression de flou ressentie, elle n’est probablement pas imputable au travail du chef opérateur Carlo Carlini qu’on devine remarquable. La compression est néanmoins correcte et le confort de vision n’est gêné par aucun défaut rédhibitoire.
Son
Pas de défauts notables non plus sur une bande son un peu plate mais propre dont les voix italiennes se détachent distinctement. La version française d’époque, techniquement correcte, date terriblement.
Galerie Photos
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