Le 8 septembre 2021
Analogue à Dans la forêt, ce roman dystopique met en scène une communauté isolée, aussi fermée à la différence que notre société, oscillant habilement entre conte, étrangeté presque magique et post-apocalypse.
- Auteur : Helene Bukowski
- Editeur : Gallmeister
- Genre : Dystopie
- Nationalité : Allemande
- Traducteur : Elisa Crabeil, Sarah Raquillet
- Titre original : Milchzähne
- Date de sortie : 19 août 2021
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Skalde et sa mère Edith vivent dans leur maison isolée à l’orée de la forêt. L’adolescente n’a jamais vu le bleu du ciel : leur région est en proie au brouillard et à la sécheresse depuis si longtemps. Les derniers habitants du coin, après avoir fait sauter l’unique pont qui les reliait au reste du monde, espèrent ainsi que leur autarcie volontaire les protègera du chaos. Un jour, Skalde découvre dans une clairière une enfant à la chevelure rouge feu. D’où vient-elle ? Comment a-t-elle pu arriver jusqu’ici ? Consciente de sa transgression, l’adolescente recueille la petite fille, sous le regard méfiant de sa mère Edith. Car les deux femmes ne se sont jamais vraiment intégrées à cette communauté pétrie de peurs et de superstitions. Tandis que les villageois s’organisent, le trio devra bientôt faire face à une véritable chasse aux sorcières.
Critique : Les phrases d’Helene Bukowski sont brèves, simples et brutes. Pourtant, sa plume est parfois traversée d’éclats poétiques naissant dans le plus pur prosaïsme, la narratrice disséminant ses courts écrits méditatifs chez elle comme au fil des pages, sorte d’haïkus jalonnant les chapitres. Skalde, l’héroïne, vit avec sa mère dans une maison bordée par une forêt de pins. Un jour, une enfant rousse émerge d’une clairière, muette de prime abord avant de parler par bribes, taisant malgré tout son origine et les raisons de sa fuite. Depuis plusieurs années, la région est isolée, les habitants ayant détruit le pont qui la reliait au reste du pays, par crainte de ce qui pourrait arriver de la mer. Ceux-ci sont méfiants envers les étrangers et l’inconnu, n’aiment pas que la nouveauté vienne menacer leur morne quotidien, tantôt enveloppé d’un épais brouillard, tantôt brûlé par un soleil de plomb. Dans leur esprit, Meisis est un changelin, créature déposée par les fées, être maudit dont il faut se débarrasser. Edith déjà, la mère de Skalde, les effrayait et les effraie toujours. Edith et ses chemises en soie, et sa brosse en bois flotté, et ses parures en nacre, et ses dents de lait jamais tombées – c’est le signe de la différence, son sceau. Elle est arrivée de l’autre côté bien avant la naissance de Skalde et ne s’est jamais intégrée à cette communauté peureuse et fermée.
Le premier roman d’Helene Bukowski, empreint de cette atmosphère d’ « étonnante étrangeté » théorisée par Freud, est une métaphore, elle donne corps au rejet de l’autre dans notre société moderne en pleine mutation, entre migration et changement climatique. Ici, rien n’est aussi clairement édicté, davantage des brisures de réponse. L’auteure laisse planer un certain mystère sur le monde qu’elle crée, parenthèse dystopique aux accents des contes d’autrefois. Elle imagine une autre réalité sans en dévoiler tous les rouages, fable qui se referme lentement, laissant une marque dans notre esprit.
Helene Bukowski - Les dents de lait
Gallmeister
272 pages
22,40 euros
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