Derrière les barreaux
Le 26 octobre 2014
Première grande réussite de Jules Dassin, ce classique du film de prison est un véritable coup de poing, modèle du genre.
- Réalisateur : Jules Dassin
- Acteurs : Burt Lancaster, Charles Bickford, Yvonne De Carlo, Hume Cronyn, Ann Blyth
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Théâtre du Temple
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h28mn
- Titre original : Brute Force
- Date de sortie : 22 septembre 1948
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L’argument : Joe Collins, détenu dans un pénitencier, n’a qu’un souhait, s’échapper pour retrouver Ruth, la femme qu’il aime. Malheureusement, les prisonniers de Westgate sont sous le contrôle permanent du capitaine Munsey, un gardien en chef sadique. Avec la complicité de son ami Gallagher et d’autres détenus, il va tout tenter pour s’évader.
Notre avis : Produit par Universal, Les démons de la liberté est le long métrage qui a assuré le début de la notoriété de Jules Dassin, maître du cinéma policier américain qui sera une victime du maccarthysme. Ancien membre du Parti communiste, qu’il avait quitté à la suite du pacte germano-soviétique, Jules Dassin a toujours eu une vision progressiste des questions de société. Ce qu’atteste ce scénario de Richard Brooks (autre représentant de la gauche hollywoodienne), lui-même adapté d’une nouvelle de Robert Patterson. L’univers carcéral décrit par le film permet une dénonciation de l’injustice du système. Au médecin intègre et bienveillant mais désabusé (Jeff Corey), s’oppose l’odieux surveillant en chef Munsey, interprété avec puissance par Hume Cronyn. Sadique, manipulateur et violent, ce dernier incarne tout ce que Jules Dassin et Richard Brooks détestent, à savoir un pouvoir autoritaire qui ne fait qu’exacerber les tensions sociales. Une scène de torture, audacieuse et elliptique, est à cet égard emblématique des intentions mais aussi du style de Dassin. Il défend ici sans réserves les détenus, tous plus ou moins victimes de concours de circonstances ou d’un déterminisme qui les amenés derrière les barreaux.
- Copyright Action Cinémas / Théâtre du Temple
C’est le cas du leader de la rébellion (Burt Lancaster), mais aussi de Gallagher (Charles Bickford), Hodges (Jack C. Flippen), et d’autres prisonniers presque dépeints comme de bons bougres, enfoncés par la machinerie judiciaire et policière. Le film assume alors son aspect militant, particulièrement courageux dans le contexte du cinéma américain de l’après-guerre, et ce sans tomber dans la lourdeur démonstrative et le manichéisme, péchés mignons de bien des réalisateurs « engagés ». C’est que l’œuvre brille par la limpidité de son récit et la maîtrise de sa mise en scène, valorisée par une équipe technique et artistique au top (l’envoûtante musique de Miklos Rosza). Outre la bravoure de la séquence de la tentative d’évasion, on appréciera la manière avec laquelle le réalisateur filme les scènes extérieures à la prison : il s’agit de quatre retours en arrière dévoilant diverses figures féminines, de l’épouse malade (Ann Blyth) à la femme fatale, archétype du film noir, et qui a ici les traits d’Yvonne De Carlo ou Ella Raines. Au final, le film est l’un des meilleurs de son auteur, tout en étant un jalon important du « film de prison », un genre qui a semé de nombreuses réussites, de Je suis un évadé (Mervyn LeRoy, 1932) au récent Les poings contre les murs (David MacKenzie, 2013).
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