Le 1er avril 2021
Un vieux truand, atteint de la tuberculose, se voit proposer un coup exceptionnel, alors qu’il sort tout juste de prison. L’Américain Jules Dassin magnifie le film noir à la française et intègre dans le récit une séquence de casse fondée sur une mise en scène éblouissante.
- Réalisateur : Jules Dassin
- Acteurs : Jean Servais, Robert Hossein, Magali Noël, Robert Manuel, Carl Möhner , Marie Sabouret , Pierre Grasset , Marcel Lupovici , Alain Bouvette
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h54min
- Date télé : 1er avril 2021 13:35
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 13 avril 1955
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Résumé : À Paris, Tony le Stéphanois (Jean Servais) vient tout juste de sortir de prison, lorsqu’il perd une grosse somme d’argent dans une partie de poker clandestine. Parce qu’il est usé et malade, ses dangereux partenaires refusent de le laisser jouer sur parole. Il décide d’appeler Jo le suédois (Carl Möhner), un jeune truand qui lui est redevable et Mario Ferrati (Robert Manuel). Ce dernier leur propose alors un gros coup : le cambriolage d’une prestigieuse bijouterie de la place Vendôme.
Critique : Inscrit sur la liste noire des activités anti-américaines, Jules Dassin s’exile en Europe à partir de 1949. Il tournera Les forbans de la nuit (Night and the City) en Grande-Bretagne, en 1950, un polar sombre presque surréaliste, avec Richard Widmark et Gene Tierney. Après cinq ans d’inactivité, il est contacté par des producteurs français pour adapter et mettre en scène le roman d’Auguste Le Breton. Toujours blacklisté, Jules Dassin a pourtant conscience que son œuvre risque d’être interdite de diffusion sur le territoire américain.
L’intrigue du long métrage est typique de celle des films noirs : Tony, un vieux truand condamné par la maladie, se lance dans son dernier coup. Il s’entoure alors d’une équipe au code d’honneur inaltérable : il impose de ne pas utiliser d’arme ou de recourir à la violence. Durant la préparation du braquage, le malfrat fera la rencontre d’une bande de jeunes drogués sans foi ni loi, ainsi que de femmes fatales abordées dans les bistrots et boîtes de nuit où l’on plume le client. Tous échangent, s’interpellent, se disputent dans un argot imagé qui confine à une certaine poésie.
Or, le traitement que va en faire Jules Dassin est tout à fait stupéfiant : Tony le Stéphanois, se sachant condamné, se lance dans une entreprise pour laquelle il ira jusqu’au bout, mais qu’il sent perdue d’avance.
La longue scène du casse (plus de trente minutes) montre l’opération avec force détails. Chacun sait parfaitement ce qu’il doit faire, sans jamais prononcer un seul mot. La mise en scène, précise et audacieuse, est une véritable prouesse technique, qui n’en finira pas de créer des émules parmi les autres cinéastes (Jacques Becker, Jean-Pierre Melville, Michael Mann, Quentin Tarantino...). Enfin, les nombreuses séquences en voiture tournées dans Paris, prennent un air de Nouvelle Vague avant l’heure.
La distribution est toutefois moins homogène. L’Autrichien Carl Möhner, accablé par un doublage catastrophique, manque particulièrement de présence. Quant à Robert Manuel, on regrettera son interprétation stéréotypée de l’Italien. Hormis Magali Noël qui interprète un numéro chanté, les rôles féminins sont pour le moins sacrifiés. Reste Jean Servais, impeccable truand sur le retour, nanti d’une voix rauque de fumeur, usé, désabusé, mais joueur avec les enfants. Robert Hossein, le presque débutant, marque les esprits, dans un rôle de sbire drogué et sadique. Enfin, on notera dans le rôle du fils de Jo le Suédois, Dominique Collignon-Maurin, frère d’un certain Patrick Dewaere, lui-même futur enfant acteur.
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