Cinq mineur
Le 17 novembre 2012
Dreamworks va-t-il enfin redresser la barre ? Notre avis...
- Réalisateur : Peter Ramsey
- Acteurs : Alec Baldwin, Chris Pine, Isla Fisher
- Genre : Aventures, Animation, Film pour enfants, 3D
- Nationalité : Américain
- Date télé : 26 mars 2022 21:00
- Chaîne : Syfy
- Date de sortie : 28 novembre 2012
Résumé : Les Cinq Légendes raconte l’aventure fantastique d’un groupe de héros, tous doués de pouvoirs extraordinaires. Lorsque Pitch, un esprit maléfique, décide de régner sur le monde, ces 5 légendes vont devoir, pour la première fois, unir leurs forces pour protéger les espoirs, les rêves et l’imagination de tous les enfants.
Critique : Depuis Shrek, à la fois coup de maître et succès empoisonné, Dreamworks s’est souvent contenté d’épuiser le filon de l’animation cynico-fun, histoire d’appâter les ados et leurs aînés à grands renforts de références pop-culturelles, de fan service opportuniste ou d’inspection systématique des dessous les moins propres des contes de fées. Seul problème : alors que les studios de l’ex-DG de Disney Jeffrey Katzenberg surexploitaient leurs franchises asthmatiques pour continuer à terroriser le box-office (les quatre Shrek et leur spin-off Le chat Potté, la série des Kung Fu Panda ou des Madagascar), la galaxie Pixarienne alignait tranquillement des chefs d’œuvre aussi universaux qu’inédits (hormis la trilogie Toy Story), et pas nécessairement moins drôles. Mais deux ans après Dragons - un sursaut artistique plus proche de la fresque spielbergienne que de la collection de vannes - Dreamworks a enfin les armes adéquates pour investir le territoire en friche d’un Pixar qui peine à faire oublier la médiocrité de Rebelle et Cars 2. Oui messieurs, mais une belle lame doit être aiguisée au même titre que les autres.
Un père-noël russe tatoué à la Mitchum (Gentil sur le bras gauche, Méchant sur le droit), un lapin de pâques manifestement australien, une fée-tichiste des molaires de lait obsédée par le fil dentaire, et un esprit du verglas en hoodie, coiffé façon Vivelle dop effet écorche-mur…Non, Dreamworks ne pouvait décidemment pas ravaler la façade de son fond de commerce en reniant tous ses fondamentaux. Quitte à virer candide et mettre un pied frileux dans le premier degré, son casting se devait de passer par la machine à dévoyer les mythes qui avait déjà tant servi l’obèse scatophile de Shrek et sa horde de légendes dégénérées. Seul le marchand de sable (du reste le plus intéressant) échappe au phénomène. A l’heure de questionner la validité et la fonction de personnages scellés dans un imaginaire collectif aux senteurs naphtalines, cette réappropriation ne manque cependant pas de sens (à part le croquemitaine, qui porte désormais un nom de brioche) mais plutôt de chair. Embarqués dans un récit pressé de nous faire visiter leurs chez-eux comme on traverse les sections thématiques d’un parc d’attractions (Le fabuleux monde du père noël, les merveilleuses galeries du lapin, l’incroyable palais de la fée des dents), les membres de la A-team de l’émerveillement infantile sont définis, avant tout, par leurs accessoires (un accent, une arme, un entourage), comme la première blogueuse mode venue. Certes, cette histoire est d’abord celle de Jack Frost (Le Mister freeze des mineurs), mais rien de tangible (ou quasiment rien) ne nous permet de croire à l’épaisseur de ses acolytes. C’est tout de même dommage, pour un film sur la suspension d’incrédulité qui prétend humaniser ses monolithes (on peut humaniser un lapin).
Jack Frost a donc une histoire, lui. Et vit une crise identitaire qui dépasse les péripéties principales pour mieux les justifier. Mais n’allez pas croire que ce qui fait défaut aux quatre fantastiques devient pour autant une qualité du film. Verbeux et ultra-scolaire, Les Cinq Légendes pose son récit sur des rails dont même un enfant hydrocéphale élevé par des loups devinerait les futurs embranchements. Certes, les 15 000 scènes d’affrontement entre le croquemitaine et les plus vieux super-héros du monde sont tout à fait réussies, comme un parfait amalgame d’inventivité, de travail sur les textures (notamment celles du sable et des brumes noires du Boogeyman), de design pertinent (vous applaudirez les chevaux-cauchemars) et surtout de lisibilité de la mise en scène (Peter Ramsey a quand même été storyboarder pour Spielberg et Fincher), mais au-delà de ses virtuosités graphiques et d’une direction artistique assez fouillée pour être saluée (Oui, c’est bien vous que nous regardons, Universal Pictures), ce golem pyrotechnique oublie trop souvent que la capacité d’émerveillement est d’abord une affaire intime.
Une scène. Une scène unique - égarée entre trois catastrophes globales et la progression en remontée mécanique de la quête Frostienne – approche véritablement son sujet sans peur et sans vanne. C’est un huis-clos, dans une chambre de môme, il ne concerne qu’un enfant et son besoin de croire aux indices d’un outre-monde. D’ailleurs, bien avant les cinq légendes, Monstres et cie avait déjà pris soin de faire aboutir toute sa mécanique fantastique dans ces petits sanctuaires au réel perméable. Il est donc d’autant plus étrange de voir Guillermo Del Toro, spécialiste de l’imaginaire enfantin classieux et intègre, produire un film qui laisse à ce point les enfants et leur soif d’incarnations particulières sur le bord d’un terrain fantasmatique dont ils sont pourtant les leviers. Non, ils ne sont pas absents du film, ils en sont même à la fois la cible et l’outil (sans eux, les légendes disparaissent littéralement), mais certainement pas le cœur. Parfois drôle, parfois déjà vu (les elfes du père noël sont une énième resucée des lapins crétins et des minions de Moi,moche et méchant), souvent clinquant ou trop fonctionnel, Les Cinq Légendes manque son but avec panache. Attention Dreamworks, il se murmure du côté de chez Disney-Pixar que le surdoué Pete Docter (Monstres et cie, Up) prépare déjà la résurrection de la maison mère…
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Carole Nguyen 18 décembre 2012
Les cinq légendes - la critique
Personnellement, malgré quelques petites faiblesses dans le scénario, j’ai adoré ce film !
Certaines animations sont des perles (le sable et les Cauchemars comme cités dans la critique, mais aussi la glace, les scènes de combat, le plumage de la Fée des Dents et j’en passe)
On s’attache rapidement aux personnages (même au Méchant pour ma part) et à l’innocence véhiculée par les enfants du film (et ceux de la salle de cinéma :) )
Un seul regret : la FIN (mais je n’en dirai pas plus). ... D’où la nécessité d’une suite ! (s’il vous plait Dreamworks, faites une suite... j’ai été sage cette année !)
Ah, j’ajoute que l’Artbook du film est magnifique ! Pour les fanas de films d’Animation, c’est un Must-Have dans sa bibliothèque !
jojo 20 décembre 2012
Les cinq légendes - la critique
Ce film m’a fait rêver, et je le trouve vraiment fabuleux, ça faisait très longtemps qu’en sortant du cinéma je ne m’étais pas senti autant ailleurs. ça fait beaucoup de bien, surtout en ces temps de noel.