La folie des glandeurs
Le 20 janvier 2010
Une comédie belge très attachante et loin des clichés sur les quartiers populaires. Bonne surprise.
- Réalisateur : Nabil Ben Yadir
- Acteurs : Jan Decleir, Édouard Baer, Nader Boussandel, Mourade Zeguendi, Mounir Ait Hamou, Amelle Chahbi
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français, Belge
- Date de sortie : 20 janvier 2010
- Plus d'informations : Le site officiel du film
– Durée : 1h51mn
Une comédie belge très attachante et loin des clichés sur les quartiers populaires. Bonne surprise.
L’argument : "Pour être un baron, dans la vie, il faut être le moins actif possible. Le baron le plus ambitieux, c’est moi Hassan. Mon rêve c’est de faire rire. Mais "blagueur", pour mon père, c’est pas un métier. Le deuxième problème c’est Malika, la star du quartier dont je suis amoureux depuis des années. Et Malika, c’est la soeur de mon pote Mounir. Lui, il voudrait qu’on reste des barons, à vie. Ce qui colle pas avec mon but. Parce que pour réussir, il faut quitter le quartier, mais on ne quitte pas le quartier, on s’en évade."
Notre avis : Pour son premier film, le réalisateur belge Nabil Ben Yadir a choisi tout naturellement de parler de lui, des quartiers de Bruxelles qu’il connaît par cœur, de son enfance, des potes et des barons, ces glandeurs professionnels qui évitent de trop marcher pour ne pas entamer leur quota de pas sur cette terre ! Vous l’aurez compris, nous sommes bien loin des mauvaises productions « bessoniennes » sur nos banlieues françaises, mais plutôt du côté d’une certaine poésie urbaine, grave et drôle à la fois. D’ailleurs, quand un des barons s’interroge sur l’existence du cinéma dans les années 30, un autre lui répond : « Tu crois vraiment que le cinéma a commencé avec Taxi 4 ?! ».
- © Haut et Court
Très peu de clichés et beaucoup de justesse, telle pourrait être la définition de cette comédie très attachante qui porte un regard tendre et attentionné sur des personnages enfermés dans un rôle, confortable mais illusoire, qui les rapproche d’une enfance désormais disparue. Au fond, Les barons est une belle illustration des difficultés du passage à l’âge adulte. Etre un baron, ça évite d’affronter deux peurs existentielles : celle d’échouer dans la réalisation de ses rêves et celle d’être obligé de rentrer dans le système. Ce statut chimérique est moqué et nullement glorifié, l’aventure d’Hassan consistant avant tout à s’extirper de cette situation pour enfin faire ses premiers pas, qu’ils soient amoureux, artistiques ou professionnels. Pour lui, user des pas c’est accepter de mourir et donc d’exister. Il faut saluer ici l’excellente prestation de Nader Boussandel, déjà aperçu à plusieurs reprises dans la nébuleuse d’Edouard Baer et qui porte le film avec talent et sobriété.
- © Haut et Court
Bonne surprise également, la mise en scène décomplexée de Ben Yadir. Est-ce ce fameux esprit belge décalé ? Peut-être. Toujours est-il que le jeune cinéaste se permet des choses d’ordinaire un peu casse-gueules mais qui s’intègrent parfaitement au récit, comme s’adresser directement aux spectateurs ou passer du présent au passé en changeant de décor dans un même plan par exemple. On note également quelques fantaisies, notamment par le biais de personnages bigarrés, qui font écho à l’univers de la BD et de l’animation (d’ailleurs Fellag joue un certain R.G. et on reconnaît les géniales aventures de « Pic-Pic et André » sur l’écran de la voiture des barons). Cela donne un aspect légèrement déjanté qui dynamite le long-métrage à plusieurs reprises.
On regrettera tout de même quelques maladresses, sans doute un quart d’heure en trop, et une scène violente symboliquement inutile mais il n’empêche que ces barons nous auront fait passer un agréable moment grâce notamment à une verve savoureuse et à des jeux de mots pourris comme on les aime. « Tu aimes l’art abstrait ? » demande Malika à Hassan. « Oh tu sais, j’aime l’arabe en général ! ».
- © Haut et Court
Galerie photos
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montparnasse19 19 janvier 2010
Les barons - la critique
Excellente comédie qui apporte une touche de fraîcheur salutaire dans le climat actuel où "l’identité nationale" se confond parfois avec le rejet de l’autre.
Avec humour, beaucoup d’autodérision et, bien sûr, une touche de surréalisme belge, le film fait sauter le verrou de nombreux clichés et tabous et nos idées préconçues volent en éclats... de rire.
Un coup de coeur énorme pour ce film dont on n’a pas fini d’entendre parler !
roger w 9 août 2010
Les barons - la critique
Une comédie pleine de charme qui n’a pas eu l’écho mérité en salle. Imaginatif sur le plan de la réalisation et plein de bon sens au niveau de l’écriture, ce film belge vaut le coup d’oeil. A découvrir d’urgence, donc.