Un ensemble choisi d’affiches de propagandes de la Chine communiste marquée par la personnalité écrasante de Mao.

Le 1er octobre 1949, la république populaire de Chine est proclamée par Mao du balcon de la Cité interdite donnant sur la place Tian An Men, rejoignant ainsi l’URSS dans la voie du communisme. Face à une population, là aussi, maintenue dans l’illettrisme par le régime précédent, les cadres du PCC vont chercher l’adhésion du peuple par l’image. Mais à la différence de Lénine qui, dès 1917, appelait chaque soldat à prendre des photos, l’équipe en place va s’appuyer sur "une longue tradition chinoise en matière d’art graphique populaire" : les affiches peintes. Rarement d’une dimension supérieure à un mètre, elles étaient apposées sur les murs et les portes des usines ou des maisons. Les petits formats étaient collectionnés par les enfants et reproduits en cours de dessin. Ce choix d’un support populaire relayé par des cadres et militants du parti au niveau local va permettre au nouveau régime de communiquer rapidement avec le pays pour le meilleur et pour le pire. Plus on avance dans l’ouvrage, plus la figure de Mao s’impose alors que le parti avait proscrit le culte de la personnalité. Les affiches de la Révolution culturelle frappent par leur agressivité, un vrai appel au lynchage des opposants à la ligne maoïste.
Jean-Yves Bajon, à l’initiative du projet, connaisseur de la Chine moderne, offre une aide importante à travers des textes introductifs clairs et concis sur la période abordée. Il décortique chaque affiche, traquant ses silences (la période des Cent Fleurs en 1957, marquée par la contestation des intellectuels, est absente de l’iconographie officielle) et ses codes (la présence d’un dragon sur une affiche est synonyme d’une ère nouvelle).
Mao en 1964 déclarait : "Lire trop de livre est mauvais" ; Bajon nous montre quant à lui que c’est par la lecture et les livres que la connaissance progresse.