Les amitiés maléfiques

Les interrogations d’une poignée d’étudiants qui subissent l’influence charismatique et vénéneuse de l’un des leurs. Une chronique réussie à la croisée de l’adolescence et de l’âge adulte.

L’argument : Le jour de la rentrée universitaire, Eloi et Alexandre font la connaissance d’André, l’étudiant le plus brillant de l’amphi. Fascinés par son aisance et son charisme, ils tombent rapidement sous son emprise : il leur offre son amitié en échange d’une totale loyauté envers lui...

Notre avis : Après la campagne dans le réussi Vert paradis, c’est dans les amphis et les chambres d’étudiants parisiens qu’Emmanuel Bourdieu choisit à présent de poser sa caméra. Il y suit l’évolution de quelques jeunes gens à la croisée de l’adolescence et de l’âge adulte, quand les destins se dessinent plus ou moins. Celui d’André semble tracé. Brillant, charismatique, le jeune homme domine avec aisance son petit groupe d’amis, qu’il n’hésite pas à brocarder avec autant d’assurance que de cruauté. Fascinés, ceux-ci se et le laissent faire, jusqu’à ce que le récit bascule et que les protagonistes soient rattrapés par la réalité.
Il sera ici question de fascination, de romantisme, de domination mais aussi de libre-arbitre. Victimes du charme vénéneux et de la mythomanie d’André, Alexandre, Eloi et les autres ne sont pas pour autant sans responsabilités ; à charge pour eux de grandir, de se prendre en main et de penser par eux-mêmes.
Basé sur la parole, Les amitiés maléfiques est une œuvre bavarde, mais jamais verbeuse. L’un des mérites du réalisateur réside dans sa capacité à faire sans cesse avancer son récit, jusqu’à sa cruelle conclusion. A l’aide d’une caméra mobile, s’aventurant à proximité de genres différents (la dernière partie a parfois des accents de thriller) et s’appuyant sur des personnages fouillés et remarquablement incarnés (avec, en seconds rôles de choix, Natacha Régnier, Jacques Bonaffé et Dominique Blanc), Emmanuel Bourdieu nous offre un film fort et mature sur l’âge des possibles.