Another brick in the wall
Le 3 octobre 2017
Entre son absence d’humour référencé et sa maîtrise du rythme exécrable, ce Lego Ninjago est le film de trop d’une franchise qui avait déjà atteint ses limites. Souhaitons-lui de marcher en Chine, puisqu’il est calibré pour ce public.
- Réalisateur : Charlie Bean
- Acteurs : Jackie Chan, Justin Theroux , Dave Franco
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h41mn
- Titre original : The LEGO Ninjago Movie
- Date de sortie : 11 octobre 2017
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Résumé : Pour défendre la ville de Ninjago City, Lloyd, alias le Ninja Vert, et ses amis maîtres-bâtisseurs Lego et combattants infiltrés se mobilisent. Avec à leur tête le maître kung-fu Wu, aussi sage que blagueur, ils doivent affronter l’abominable Garmadon… qui se trouve aussi être le père de Lloyd ! Mais il leur faudra d’abord surmonter leur ego et apprendre à unir leurs forces pour se révéler de redoutables guerriers. C’est à ce seul prix que notre bande de ninjas modernes, redoutables et insoumis, pourront remporter la bataille…
Notre avis : Quoi qu’on en pense, les deux précédents longs-métrages Lego s’étaient affranchis du format publicitaire qui caractérisait les nombreux courts qui les ont précédés, et ce grâce à l’esprit geek propre au duo Phil Lord / Christopher Miller qui a réalisé le premier. Après un épisode consacré à un Batman en brique bien moins maîtrisé mais néanmoins chargé en références aux films de super-héros, le nouveau film des vendeurs de jouets raconte l’affrontement entre de gentils et de méchants ninjas. L’imaginaire invoqué n’est donc pas celui de la culture populaire américaine, mais bien du cinéma asiatique. Il n’y a d’ailleurs plus qu’en Chine que l’on trouve encore des enfants qui apprécieront la présence de Jackie Chan dans la peau du narrateur. Et que les jeunes qui ne maîtrisent pas sur le bout des doigts les codes du wu xia pian de l’ère Shaw Brothers se rassurent puisque, à en croire les réalisateurs du film, les ninjas sont des conducteurs de robots géants avant d’être des champions d’arts martiaux.
- Copyright Warner Bros. Entertainment
La mythologie japonaise liée aux ninjas, dont ils sont pourtant issus, est donc passée à la trappe. Peu importe, les ninjas sont les nouveaux super-héros : étudiants lambda le jour et protecteurs de la ville quand le super-méchant passe à l’attaque. Ce concept puéril offre au moins une piste originale : celle d’inverser les rapports classiques en faisant que ce soit le héros qui sache qu’il est le fils du super-méchant, et non l’inverse, laissant présager une révélation qui ira bouleverser les rapports de force. En attendant celle-ci, l’animation ne fait que multiplier à toute allure des scènes de batailles découpées à un rythme frénétique et épuisant. Les producteurs veulent nous faire avaler que les « combats ont été chorégraphiés par Jackie Chan en personne », mais l’illisibilité de ces scènes n’empêche de douter de l’absence de réelles chorégraphies. Plus tard, peut-être. Les scènes de combat maîtrisées sont comme les scènes d’émotion : elles se font attendre. Vainement.
Arrive tout de même la fameuse révélation, qui arrive à peu près en même temps que le meilleur gag du film, à savoir l’incrustation d’un chat, un vrai, dans cet univers en briques. Ce rebondissement comique s’avère ne pas en être un puisqu’il devient l’enjeu principal de la seconde moitié du long-métrage. Dès lors, le scénario abandonne ses batailles répétitives de robots géants pour prendre la forme d’une quête initiatique. Ce changement de ton pourrait être une bonne chose s’il ne s’accompagnait d’une rupture de rythme aussi radicale. Plus le film avance, et plus il se compose de scènes de longues conversations (ceci faisait cruellement défaut dans la déplorable introduction des personnages) qui le rendent terriblement neurasthénique, et en viennent même à rendre superficielle l’intensité mélodramatique censée s’installer pour nous mener vers l’inévitable happy-end. En gros, en terme de changement de rythme entre le début et la fin, on a l’impression d’être passés de Michael Bay à Eric Rohmer !
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A défaut de références détournées à la culture geek – pas même remplacées par des clins d’œil à des classiques asiatiques, ce que Kung-Fu Panda et ses suites étaient parvenus à faire – les seules blagues qui font mouche sont celles qui renvoient les personnages à leur nature de jouets miniatures en plastique. On reste toutefois encore loin de la nature métaphysique de La Grande Aventure Lego. Le film est globalement mal écrit, ou plus exactement n’est pas être pensé comme une histoire capable de fédérer petits et grands. Assurément, les petits garçons (moins sûr que l’imagerie des ninjas conducteurs de robots emballe les petites filles !) apprécieront ces nouvelles figurines et la mise en scène vidéoludique dans laquelle elles sont mises en scène. D’ailleurs, hasard du calendrier, un jeu vidéo devrait sortir d’ici Noël. Cela ne fait plus aucun doute : les films Lego sont retombés dans ce qu’ils étaient, à savoir des publicités de jouets.
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