Derrière le rideau
Le 26 mai 2010
Dans la Chine troublée des années 20, l’évolution d’un couple que tout oppose. Un drame plus multiforme qu’il n’y paraît, irradié par la présence de Naomi Watts.


- Réalisateur : John Curran
- Acteurs : Edward Norton, Naomi Watts
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Américain, Chinois
- Date de sortie : 7 mars 2007

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– Durée : 2h04mn
– Titre original : The painted veil
Dans la Chine troublée des années 20, l’évolution d’un couple que tout oppose. Un drame plus multiforme qu’il n’y paraît, irradié par la présence de Naomi Watts.
L’argument : Londres, 1920. Après un mariage trop vite accepté pour convenances sociales, Kitty part avec son mari, Walter, médecin bactériologiste, pour vivre à Shanghai où il doit mener des recherches. Rapidement, la jeune femme tombe amoureuse d’un autre homme.
Notre avis : A l’origine, Le voile des illusions est un court et formidable roman de Somerset Maugham, La passe dangereuse (1925). C’est également une première adaptation cinéma (1934), mélo conservateur et empesé estampillé MGM, qui vaut seulement pour la présence toujours magnétique de Greta Garbo. Quid de cette nouvelle version ?
Kitty n’aime pas son mari. Elle prend un amant, le perd très vite puis, se rendant compte de son erreur, s’emploie à reconquérir l’époux échaudé. Les scénaristes ne se contentent pas de l’histoire du couple et développent le contexte historique. Le réalisateur flirte avec l’académisme, mais y échappe in extremis. Soit un film qui ne manque pas d’ampleur, mais de rythme, et ne fait pas assez confiance à son spectateur (la redondance oublie parfois de passer son tour). Une romance rendue à moitié crédible par le manque d’électricité des scènes entre Naomi Watts (pourtant parfaite et magnifique dans ses robes années 20) et Liev Schreiber (son amant). Il faut donc tout le talent d’Edward Norton pour nous faire croire que, même un peu rasoir, on puisse lui préférer un type qui porte son manque de scrupules sur le visage. Plus convaincante et touchante est la reconquête du médecin mortifié par son épouse, d’autant qu’elle a pour cadre une Chine rurale frappée par le choléra et les troubles politiques. Comment ne pas voir dans le rejet subi par des Occidentaux dominateurs sous couvert d’apporter leur aide des accents beaucoup plus actuels ? Enfin, John Curran a le bon goût de ne pas sombrer dans le mélodrame facile au terme de son récit pour insister sur le chemin parcouru par une femme.
Au final, une œuvre alliant assez habilement les genres, plus multiforme qu’elle n’y paraît de prime abord. A recommander à qui sera d’humeur à se laisser couler dans un film qui, malgré quelques ratés, ne manque ni de romanesque, ni de beauté plastique et doté d’un excellent couple vedette.