Routes nocturnes
Le 18 mars 2014
Un admirable film-monde intime qui organise musicalement les pièces d’un univers éparpillé, le nôtre.
- Réalisateur : Vivianne Perelmuter
- Acteurs : Vincent Dieutre, Christine Dory, Bojena Horackova, Marie Payen, Maxime Desmons
- Genre : Drame, Expérimental, Poème
- Nationalité : Français, Belge
- Durée : 1h48mn
- Date de sortie : 19 mars 2014
- Plus d'informations : http://www.levertigedespossibles.com/
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– Année de production : 2012
– Distribution : Esperanza Production
Un admirable film-monde intime qui organise musicalement les pièces d’un univers éparpillé, le nôtre.
L’argument : Anne est payée pour écrire des histoires mais elle n’y arrive plus.
Pas du tout l’angoisse de la page blanche, tout le contraire.
Et dans la vie c’est pareil : Anne n’arrive pas à choisir.
Mais ce jour-là, et toute une nuit, entraînée bien malgré elle dans une errance à travers la ville, elle devra bien apprendre à s’orienter dans ce labyrinthe.
Avant que le jour ne se lève, elle devra agir.
Notre avis : Ce premier long métrage n’est pas l’oeuvre d’une débutante puisque en vingt ans, depuis son passage à la Fémis, Vivianne Perelmuter a réalisé films courts, documentaires ou encore journal filmé et anime des ateliers d’écriture au GREC et à l’université de Corte.
Irrigué par cette riche expérience sédimentée, Le vertige des possibles semble s’engager parfois sur un terrain balisé pour bifurquer aussitôt dans une direction imprévue, sans faire pourtant de ses effets de rupture des effets de style.
C’est un film-puzzle qui explore tour à tour, ou simultanément, toutes les formes possibles et accumule, confronte, compose musicalement les éléments les plus hétérogènes en un jeu d’associations poétiques pour tenter de retrouver une synchronie dans le chaos d’un univers qui se dérobe, s’éparpille : auto-fiction à la deuxième personne du singulier, la voix de la réalisatrice interpellant celle qui, à l’écran, n’est pas seulement un alter-ego ; méditation documentaire sur la nuit urbaine dont l’insistante présence happe le regard (inscriptions sur les murs ; mains, visages vus à travers la vitrine d’un café ; néons des enseignes et phares de voitures) ; bruits de la ville et musiques (celles de Reno Isaac et de Jean-Paul Dessy mais aussi Philip Glass, Bellini par la Callas, Mahler...) et images d’ailleurs (Venise soudain ; des bancs de poissons dans des fonds marins) ; mots écrits tels des têtes de chapitres ou des propositions nouvelles (Le monde s’use ; La nuit des temps ; Routes nocturnes) qui viennent ponctuer, relancer un discours ouvert : tout - dit Vivianne Perelmuter - pourvu que l’infinie richesse du réel fasse effraction dans la fiction et ouvre le film aux pouvoirs de l’incarnation .
- Le vertige des possibles - © lesfilmsdici.fr - Iota production
Comme chez Vincent Dieutre ou Marguerite Duras, la voix off, omniprésente, souvent chuchotée, n’explique pas, ne donne pas la clé de ce qu’on voit. Elle questionne, raconte (une version apocryphe de l’histoire de Noé avant le déluge), cite (Calvino, Musil). Elle renforce, creuse encore la sensation de mise en danger, d’exposition que le film fait partager au spectateur confronté lui aussi à la part de renoncement qu’il y a dans tout choix. La douceur hypnotique peut d’ailleurs par instants faire place à une violence crue : le visage en gros plan et la voix insistante de l’épouse avocate opposent la barrière d’un déni forcené à la menace de remise en question d’un équilibre forcément fragile dans la séquence des retrouvailles avec l’ami qui, abandonnant la peinture, est devenu agent immobilier.
- Le vertige des possibles - © lesfilmsdici.fr - Iota production
Non décidément, ce vertige n’est pas celui du néant mais celui qui vous saisit face à un film-monde, dense, longuement mûri, qui obéissant à une logique interne, non discursive (pas seulement discursive) réussit à instaurer un dialogue intime avec le spectateur prêt à l’accompagner pour s’y perdre, s’y trouver.
Lire l’article d’Arthur Champilou
- Le vertige des possibles © lesfilmsdici.fr - Iota production
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