Entre les murs
Le 10 septembre 2008
Une formidable oeuvre documentaire qui prend pour prétexte la rénovation du Barrio Chino, quartier populaire de Barcelone, afin d’analyser l’aseptisation de notre société.
- Réalisateur : José Luis Guerin
- Acteurs : Juana Rodríguez Molina, Iván Guzmán Jiménez , Juan López López, Juan Manuel López, Pedro Robles
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Espagnol
- Date de sortie : 10 septembre 2008
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– Durée : 2h05mn
Une formidable oeuvre documentaire qui prend pour prétexte la rénovation du Barrio Chino, quartier populaire de Barcelone, afin d’analyser l’aseptisation de notre société.
L’argument : A Barcelone, les transformations du Barrio Chino préoccupent les habitants...
Notre avis : En construccion, quatrième long-métrage de l’Espagnol José Luis Guerin, débute par la découverte de tombes romaines lors des travaux de rénovation d’un quartier barcelonais. Cette séquence permet d’emblée de montrer les réactions des passants mais aussi d’exposer le propos et le dispositif de l’œuvre : les âmes du Barrio Chino, vestiges sur lesquels on veut reconstruire, sont déterrées et mises en valeur par un cinéaste qui s’attache à réaliser un travail d’anthropologue. Il s’agit d’une très belle métaphore de l’ouvrage de l’auteur faisant découvrir la vie des habitants. En construccion est surtout un film qui lie la fiction à la réalité, les adresses à la caméra étant nombreuses comme preuve que Guerin a préparé et filmé ses séquences en connivence avec les protagonistes. On pense aux œuvres du père du cinéma documentaire, Robert Flaherty (Nanouk l’eskimau), qui, bien que scénarisées, cherchaient à renforcer l’impression de vérité. Guerin a d’ailleurs réalisé un vrai travail d’immersion en tournant pendant 18 mois dans le quartier, ce qui lui a permis de le comprendre et de révéler son intériorité. Le film fait alors fusionner réel et fiction, comme il superpose passé, présent et futur afin de servir son discours sur une société aseptisée.
L’auteur fait se succéder de très belles scènes de dialogues des habitants et des ouvriers avec des plans des travaux, ce qui montre bien l’effet de la rénovation urbaine sur l’humain. Il signifie la triste volonté d’effacement de leurs traces ; leurs âmes et celles des travailleurs continueront toutefois d’habiter le quartier malgré la froideur des nouveaux lotissements. Pour renforcer cette idée, Guerin représente souvent ses protagonistes comme des ombres qui planent sur les bâtiments. Il dessine également de nombreux cadres dans le cadre, comme s’il mettait sous verre une photo souvenir d’un milieu populaire transformé au bénéfice du confort des classes supérieures. Pour faire ressentir l’atmosphère du Barrio Chino, le cinéaste réalise un travail sonore impressionnant avec des sons urbains se propageant sur des plans des rues et des passants, ce qui projette le spectateur dans la ferveur populaire du quartier.
La force du long-métrage réside surtout dans ses acteurs non professionnels, qui sont de formidables personnages documentaires : une jeune prostituée, véritable mère protectrice de son amant ; les maçons marocains et espagnols qui se côtoient sur le chantier en parlant de leurs drames et espoirs ; les personnes âgées aux visages marqués par la vie qui dissertent avec humour sur le passé et le présent. Guerin décrit la vie de ces gens sans aucun misérabilisme. Il les filme avec attachement, comme s’il ressentait pleinement leurs émotions. Cette œuvre profondément humaniste et ancrée dans le monde permet alors aux spectateurs de partager la vie de ces personnages tout en réfléchissant sur les dérives de notre modernité.
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