Une ville d’amour et d’espoir
Le 10 septembre 2008
Un beau film sensoriel faisant ressentir l’intériorité d’une ville et de ses personnages, mais manquant quelque peu de spontanéité dans son mélange de réel et fiction.


- Réalisateur : José Luis Guerin
- Acteurs : Xavier Lafitte, Pilar López de Ayala
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol
- Date de sortie : 10 septembre 2008
– Durée : 1h24mn
– Titre original : En la ciudad de Sylvia
Un beau film sensoriel faisant ressentir l’intériorité d’une ville et de ses personnages, mais manquant quelque peu de spontanéité dans son mélange de réel et de fiction.
L’argument : Un homme retourne à Strasbourg à la recherche de Sylvia qu’il a rencontrée quatre ans plus tôt. Cette quête se transformera en une déambulation dans les rues, et en une expérience esthétique. Une plongée dans l’intimité d’une ville et de ses habitants.
Notre avis : Après un quartier de Barcelone dans l’excellent En construccion, l’Espagnol José-Luis Guerin, cinéaste de l’urbanité, s’attaque à Strasbourg et ses ruelles propices à la perte. Cette ville, remplie de signes et de traces de l’être aimé, est le personnage principal du film ; le héros, lisse et silencieux, n’est utilisé que pour y permettre l’immersion. Guerin se sert d’une vue subjective afin que les yeux et les oreilles du jeune homme puissent projeter le spectateur dans les méandres de Strasbourg. L’auteur réalise alors une fiction aux notes documentaires qui s’attache à décrire l’atmosphère d’un lieu dans lequel plane l’ombre de Sylvia. A la manière d’En construccion, l’Espagnol livre un film réflexif sur l’art cinématographique en dévoilant son dispositif. Les différents acteurs non professionnels qui peuplent le film reviennent à un moment ou un autre afin de rejouer les séquences d’une manière différente. Surtout, le héros utilise un carnet dans lequel il écrit et dessine ce qu’il voit ; il tourne les pages, et dévoile ce qu’il a inscrit, comme une métaphore du cinéaste à l’ouvrage, qui revisite son story-board.
Le sentiment de fausses pistes est très bien signifié, le jeune homme ne sachant plus qui est Sylvia. Il la cherche dans une très belle séquence où il regarde les femmes assises à la terrasse d’un café ; il dessine des croquis où les visages se mélangent, tout relevant du fantasme et du souvenir lointain. Vient alors une longue déambulation qui résume le projet du film : le héros suit une inconnue ressemblant à Sylvia dans les quartiers de Strasbourg ; les ruelles qui se confondent et s’entrecroisent signifient avec force le sentiment de confusion, tout comme les scènes rejouées et la fiction qui fusionne avec la réalité. Cette œuvre est alors une véritable expérience sensorielle et esthétique, chaque plan ayant du sens. Guerin privilégie le regard et l’écoute au-delà des dispositifs narratifs, son film se dessinant au gré de l’errance du héros dans la ville.
On peut toutefois reprocher au cinéaste d’être plus à l’aise dans le style documentaire que dans les scènes de fiction, ce qui est surtout lié au manque de charisme et à l’aspect caricatural des acteurs. Ils sont évidemment de simples figures qui permettent de signifier le discours de l’auteur, mais il en résulte un manque de naturel empêchant une totale immersion, ce qui est tout de même le projet du film. Le dispositif se montre également excessif avec une caméra omniprésente et trop pesante pour permettre l’identification. L’adhésion du spectateur n’est alors pas aussi immédiate que dans En construccion, mais, malgré ces quelques défauts, Dans la ville de Sylvia reste une œuvre très intelligente, qui nécessite un petit effort pour goûter à toutes ses qualités.
Norman06 29 avril 2009
Dans la ville de Sylvia
Mystérieux récit contemplatif sur les déambulations d’un dessinateur dans les rues de Strasbourg. Sans doute le projet tient-il davantage du court métrage étiré mais on suit sans ennui ce film minimaliste. Présence prenante de la charismatique Pilar López de Ayala.