Le 30 mai 2007
En 1985 Cannes consacrait le yougoslave Kusturika et son Papa est en voyage d’affaires. En 2007 c’est au tour du roumain Cristian Mungiu d’être palmé. Une belle promotion pour le cinéma de l’Est qui en avait bien besoin.
En 1985 Cannes consacrait le yougoslave Kusturika et son Papa est en voyage d’affaires. En 2007 c’est au tour du roumain Cristian Mungiu d’être palmé. Une belle promotion pour le cinéma de l’est qui en avait bien besoin.
Lendemain de fêtes et gueule de bois. La richesse de la sélection cannoise, le déploiement médiatique sans précédent, le carnaval continu des stars, y compris américaines, ont conféré à cette soixantième édition un caractère exceptionnel bien présent encore dans nos esprits. Un succès qui vient conforter le leadership mondial de ce festival dont beaucoup jalouse son influence et son pouvoir de découverte unique qui se retrouvent jusque dans son incroyable Marché du Film, qui en marge de la très médiatisée Sélection Officielle et des sections parallèles est symptomatique de la santé même de la manifestation.
D’une programmation des plus riches et des plus alléchantes, le Jury présidé par Stephen Frears aura servi la cause humanitaire à travers son palmarès de manière assez conventionnelle. On ne s’en plaindra pas. En sillonnant les misères humaines, ce palmarès à tendance dramatique et dépressive a su récompenser des œuvres de qualité qui à l’exception d’un Prix du 60e anniversaire pour Gus Van Sant et son Paranoid Park a fait émerger des talents novices et frais sur la Croisette. Exit donc les Frères Coen, pourtant attendus selon la rumeur à recevoir un prix pour le très acclamé No country for old men, les Tarantino (son excellent Boulevard de la mort avait-il vraiment ses chances ?) Kusturica (passablement accueilli) et autre Wong Kar-Wai dont le dernier opus semble avoir montré les limites cinématographiques dans l’esthétique creuse et forcée. Les grands auteurs français ont dû repartir bredouilles, Breillat et Christophe Honoré ne faisant pas vraiment le poids face à une concurrence bien plus remarquable. Mais les Américains aussi. Outre les Coen et Tarantino, on soulignera l’absence de prix pour le Fincher, Zodiac, probablement la plus grande aberration de la sélection quand on sait que ce thriller était sorti aux USA deux mois plus tôt et qu’il avait en plus connu un cuisant échec. Bref, un coup de pouce qui avait tout de la transaction en sous-main pour obtenir du même studio la possibilité d’exhiber les stars de Ocean’s thirteen comme par hasard présentes sur le littoral cannois quelques jours plus tard. Pourquoi pas après tout. Au moins le festival aura brassé sans aucun complexe les genres les plus variés (documentaire, drame historique, thriller, film d’horreur, comédie...) avec un refus de la médiocrité qui est tout en son honneur.
Enfin revenons sur la Palme d’Or remise au roumain Cristian Mungiu pour 4 mois, 3 semaines et 2 jours, son consensus au sein du jury et des critiques légitime cette consécration exceptionnelle et efface la bévue de 2006 lorsque Le vent se lève de Ken Loach avait obtenu la récompense suprême davantage à titre honorifique qu’au mérite. Décidément le cinéma de l’Est, en déplaise à Belà Tarr hué après la diffusion de son Homme de Londres, a le vent en poupe.
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