Le 1er mars 2017
Borowczyk signe un long-métrage d’animation adulte, singulier et iconoclaste, véritable foisonnement d’idées intrigantes.
- Réalisateur : Walerian Borowczyk
- Genre : Comédie, Animation
- Nationalité : Français
- Durée : 1h18mn
- Date de sortie : 6 décembre 1967
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– Ce film existe en DVD dans le coffret luxueux distribué par Carlotta sorti le 22 février 2017
Résumé : Évocation becketienne de la vie conjugale de Monsieur et Madame Kabal, personnages que nous a déjà présentés Walerian Borowczyk dans son court métrage Le Concert (1962).
Notre avis : Difficile de dire de quoi parle exactement ce film ; sans doute le projet de Borowczyk dans sa seule expérience d’animation n’est-il pas de proposer un sens univoque, on est dans un cinéma expérimental, qui évoque Beckett ou Topor beaucoup plus que Disney. En suivant un couple cerné de papillons multicolores, capable de changer sa tête ou de visiter l’intérieur de l’autre, le spectateur désorienté ne peut que se laisser aller devant les trouvailles surréalistes et la singulière étrangeté de l’ensemble. D’autant que le film repose sur un rythme étonnant, mélange de longueurs et d’accélérations subites, de répétitions et de surgissements.
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Si néanmoins, en infatigable cartésien, on cherche dans ce délire visuel un fil conducteur qui mène à des significations, on sera surpris des nombreux détails qui, mis bout à bout, composent une vision de l’existence contemporaine, vue comme une aliénation continue, un trajet vain et circulaire. Au passage, le cinéaste règle des comptes avec les journaux, s’amuse d’un constant voyeurisme (les jumelles et les filles en maillot). Mais c’est surtout l’extraordinaire violence qui surprend : avec la main, des flèches ou une arme à feu, contre des animaux ou des humains, elle s’exerce en continu, comme un état naturel de l’homme. Même si elle prend un tour largement parodique, elle apparaît bien comme le point commun de toutes les créatures (manger ou être mangé).
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On verra selon sa culture et ses dispositions des symboles multiples (« fournis par la vie », d’après le générique) ; on repérera tel trait moderne (l’évocation des spectateurs, par exemple) ou examinera avec sérieux telle sentence (« la vie n’est pas un miracle, mais une perpétuelle victoire sur la mort ») qui semble éclairer le film d’une manière tragique. Mais il est possible aussi de ne voir là qu’une farce, un jeu permanent avec ces dessins qui ne sont pas sans évoquer le travail animé de Terry Gilliam. Bref, Le théâtre de monsieur et madame Kabal est une auberge espagnole, frondeuse et joyeuse dans laquelle chacun apportera de quoi faire son miel. La piste religieuse, initiée même par le nom des personnages, n’est pas la moindre de ces possibilités, sarcastique ou pas.
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