Le 22 mars 2017
Des petits bijoux, aussi divers qu’inventifs, dans lesquels Borowczyk a mis toute sa puissance imaginative.
- Réalisateur : Walerian Borowczyk
- Genre : Drame, Animation, Comédie poétique
- Nationalité : Français, Polonais
- Date de sortie : 22 février 2017
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– En coffret collector Blu-ray/DVD le 22 février 2017 dans le cadre de la rétrospective Walerian Borowczyk au Centre Pompidou du 24 février au 19 mars 2017
– Années de production : de 1959 à 1984
Résumé : En parallèle de ses films, Walerian Borowczyk a également signé de nombreux courts-métrages qui permirent au réalisateur de donner libre cours à son imagination débridée et de s’adonner à diverses recherches formelles, notamment en matière de techniques d’animation dont il fut l’un des pionniers.
Notre avis : Difficile de rendre compte en quelques lignes de ces miniatures, dans leur complexité et leur diversité : animation (dessins et photos image par image), documentaire, fiction « classique », humour, drame, émotion, parodie … La cohérence de l’ensemble est plutôt dans une profusion extraordinaire que dans une thématique ou une esthétique commune, même si on trouve des récurrences passionnantes d’un film à l’autre : le rejet des institutions, sous la forme la plus moqueuse, en est un exemple. On proposera, plutôt qu’une impossible exhaustivité, un parcours vagabond dans cet ensemble touffus, à partir de quelques mots-clés.
Minimalisme : le peu de moyens alloué à ces films oblige à compenser par une imagination débordante. Mais ce sont autant de prétextes à inventer des formes, souvent stupéfiantes : un double infanticide raconté face caméra en devient bouleversant dans sa simplicité même (Rosalie, d’après Maupassant) ; un homme dessiné, une musique répétée suffisent à d’infinies variations sur des mots (Le dictionnaire de Joachim) ; ailleurs un bruit signifie à lui seul un voyage (Les jeux des anges). Bref de cette contrainte naît comme souvent une liberté suprême, l’économie conduisant à une forme de litote cinématographique.
Violence : loin d’être un monde d’innocence, l’univers créé par Borowczyk ne cesse de présenter des blessures ou des morts ; que ce soit un oiseau, un ange, un époux, ils sont abattus ou découpés avec une belle constance. Mais la violence s’exerce aussi de manière moins définitive : ainsi du sort du nain, écarté, poussé pendant un concert (Gavotte).
- (C) Friends of Walerian Borowczyk
Poésie : il ne s’agit pas ici de définir ce que pourrait être la poésie au cinéma ; on peut cependant s’émerveiller de trouvailles, comme l’escargot spatial des Astronautes, intrusion surréaliste qui ne détonne pas dans ce court excentrique ; la poésie naît parfois de l’incongru, et les exemples sont nombreux, parfois aussi de la construction : ainsi, dans Les jeux des anges, le début, paysage nocturne qui défile au son du train, se retrouve à l’identique à la fin, comme une invitation à un éternel recommencement.
- (C) Friends of Walerian Borowczyk
Irrespect : Borowczyk ne respecte rien, et c’est tant mieux, ni la logique, ni le bon goût, ni le réalisme. Sa verve l’emporte aussi, de manière presque allusive, contre les hommes politiques (l’un d’eux, triomphant, est décoiffé par un engin spatial dans Les astronautes) ou les institutions (à l’article « mariage » du Dictionnaire de Joachim, le personnage dit : « non, je refuse »).
Temps : nombre de ces films sont habités par un monde ancien, des vieilles voitures aux photographies ou aux instruments archaïques, tel ce phono à rouleaux (Le phonographe). On sent une mélancolie sourde, à l’œuvre aussi dans plusieurs inversions temporelles ( hommage au cinéma primitif ?). Borowczyk retrouve ici la fonction initiale de son art, cette magie qui fait triompher de la mort.
Véhicules : on se déplace beaucoup dans ces courts-métrages, que ce soit en train, en voiture, en montgolfière ou en fusée. Prétexte à péripéties burlesques ou à une évocation mélancolique, le voyage apparaît surtout comme un élément vital, une énergie originelle qui fait se mouvoir les multiples « héros ». S’ils s’arrêtent, telle la Rosalie de Maupassant, leur existence est en danger, les ennuis pleuvent (Gavotte).
- (C) Friends of Walerian Borowczyk
Selon son goût ou son humeur, on pourra piocher et repiocher dans ces petites merveilles jusqu’à plus soif ; les découvertes y sont nombreuses, constamment stimulantes, et le plaisir vient autant de la surprise que de la variété. Certes, tout n’est pas de la même eau, et on pourra préférer tel film à tel autre, mais l’ensemble constitue un voyage nécessaire, fécond, dans un univers d’une étendue incroyable.
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