Refus d’oublier
Le 20 août 2003
Une adolescence douloureuse qui échappe au silence par le biais de l’écriture.


- Auteur : Virginie Buisson
- Editeur : Le Cherche-Midi
- Genre : Roman & fiction

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Récit du passé et de la mémoire, Le silence des otages de Virgine Buisson entremêle les souvenirs d’enfance et d’adolescence d’une jeune femme sans nom, "elle" et pourtant "je" puisque le roman se veut autobiogaphique. Entre les jeux au bord de la Marne, le vol des libellules, les après-midi au carmel et le retour en Normandie, la coupure, le silence des frères, s’ouvrent, saignantes, les images d’Algérie, de la violence et des meurtissures, mais aussi du lit des oueds, des amandes et du soleil qui réchauffe la terre et délie les corps. Et si les traces du pays habité et occupé s’effacent peu à peu de son corps, les souvenirs, eux, se font persistants, le passé revendique ses droits et refuse l’oubli.
L’écriture de Buisson, minimaliste, suggère plutôt qu’elle ne détaille, percute par la force des images qu’elle évoque mais sur lesquelles jamais elle ne s’acharne. Le récit, court, sans dialogue, se parcourt comme un album photo, suite d’instantanés qui donnent à voir et à entendre la douleur d’une histoire qui échappe au silence par le biais de l’écrit.
Le trajet de la jeune femme qui cherche à dépasser les visions de guerres, de luttes et de blessures, l’entraîne depuis la Normandie jusqu’à Dachau, depuis Marseille jusqu’à Alger, comme un retour nécessaire, prémédité, sur le lieu des rafales, des cris et du crime. La traversée de la ville qui porte sur ses murs les marques d’un passé torturé lève le silence et ravive les bruits, transformant ainsi les déroutes en voyage initiatique.
Virginie Buisson, Le silence des otages, Le Cherche Midi, 2003, 105 pages, 10 €