Le 26 décembre 2022
Ce chef-d’œuvre de Satyajit Ray est une fascinante méditation sur la fin d’un monde et les désillusions, révélatrice de l’art d’un maître du cinéma mondial.
- Réalisateur : Satyajit Ray
- Acteurs : Chhabi Biswas, Padma Devi, Gangapada Basu, Kali Sarkar, Pinaki Sengupta
- Genre : Drame, Musical, Noir et blanc
- Nationalité : Indien
- Distributeur : Les Acacias
- Durée : 1h40mn
- Reprise: 25 janvier 2023
- Titre original : Jalsaghar / (জলসাঘর)
- Date de sortie : 18 février 1981
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– Année de production : 1958
Résumé : Alors que son voisin s’apprête à donner une fastueuse réception en l’honneur de l’initiation de son fils, Biswambhar Roy, un vieillard aigri et esseulé, se remémore la fête qu’il a autrefois donnée pour célébrer celle de son défunt fils Khoka. Suite à ce drame, il a laissé sa splendeur décliner. Courroucé par les attitudes de nouveau riche de son voisin, l’usurier Mahim Ganguli, Biswambhar Roy décide d’inviter les meilleurs musiciens, espérant ranimer l’éclat de son salon et humilier son rival…
Critique : Quatrième long métrage de Satyajit Ray, Le salon de musique fut réalisé en 1958 mais ne sortit en France qu’en 1981. Il s’agit pourtant de son film le plus abouti, et de l’une des œuvres majeures du cinéma mondial. Le réalisateur, qui avait été révélé à Cannes avec La complainte du sentier (Pather Panchali) (1955), choisit d’adapter librement un roman éponyme de Tarasankar Bandopadhyay, axé sur les dernières années d’un noble propriétaire terrien et mécène du Bengale sur le déclin. Le film comporte une charge autobiographique assez forte puisque Ray était descendant d’un membre de la même caste (zamindar) et que sa passion pour l’art (cinématographique) semble faire écho à l’obsession de Biswambhar Roy pour la musique.
- © Les Acacias
Tourné dans un palais du Bengale-Occidental, Le salon de musique frappe par sa sobriété et son épure qui contraste avec le décor luxueux mis à disposition. Tout l’art de Ray consiste à suggérer les émotions, en dépit de dialogues explicatifs (notamment entre le maître et ses serviteurs). Un lustre qui tremble, un insecte qui se noie dans un verre d’alcool sont ainsi les signes annonciateurs d’une tragédie (la mort de l’épouse et de l’enfant dans une traversée en bateau), sans recours au pathos ou à l’excès de dramaturgie. À l’instar de Renoir, Ray cerne à la fois les sentiments individuels (l’amertume d’un homme vieillissant meurtri par un deuil et trahi par son idéal) et les antagonismes de classe, traduits ici par la rivalité entre le maître des lieux et son voisin, un nouveau riche qu’il parvient toujours à remettre à sa place, même lorsque la supériorité matérielle de ce dernier devient irréversible (magistrale scène où il lui rappelle les règles de bienséance, après le numéro de la danseuse).
- © Les Acacias
Un aspect viscontien imprègne aussi ce film crépusculaire, la fin d’un monde incarné par Biswambhar Roy annonçant celui du prince Fabizio (Burt Lancaster) dans Le guépard. Et si les scènes musicales ont été proposées pour faire face aux réticences des producteurs, elles s’inscrivent en cohérence avec la narration et en harmonie avec une mise en scène fluide, loin de l’académisme d’un certain cinéma bollywoodien qui était dominant dans la production indienne de l’époque. Il n’est pas superflu d’ajouter que Ray est entouré d’une équipe artistique et technique de haut niveau, du directeur de la photo Subrita Mata au compositeur Ustad Vilayat Khan, en passant par le monteur Dulal Dutta et l’acteur Chhabi Biswas, complètement imprégné par son personnage.
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