La nana
Le 2 août 2018
Illustration de la société chilienne en pleine mutation, Le Retour de Fabiola pose la question des fossés qu’elle peut engendrer, mais son jeune cinéaste ne fait qu’effleurer son sujet.
- Réalisateur : Jairo Boisier
- Acteurs : Paola Lattus, Catalina Saavedra, José Soza
- Genre : Drame
- Nationalité : Chilien
- Durée : 1h24mn
- Box-office : 1.917 entrées France / 591 entrées P.P.
- Titre original : La Jubilada
- Date de sortie : 24 juin 2015
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Année de production : 2012
L’argument : À l’âge de trente ans, Fabiola décide de quitter le milieu du X, dont elle était devenue une actrice phare à Santiago du Chili. Elle revient dans la maison familiale, où son père vit avec sa sœur aînée Georgina. Si Georgina n’apprécie guère de voir l’organisation de son foyer perturbée, Fabiola s’aperçoit surtout que son passé la poursuit...
Notre avis : En pleine mutation, la société chilienne l’est assurément. Sa présidente actuelle, Michelle Bachelet, à la tête du pays depuis 2006, en est l’illustration parfaite. Réformiste, agnostique et féministe, elle a su donner un nouveau souffle au Chili (anciennement plutôt conservateur, catholique et masculin), bien aidé par son économie florissante de ces dernières années.
C’est dans ce contexte de modernisme, dans cette jeune démocratie (comme le fut l’Espagne post-Franco), que le jeune réalisateur Jairo Boisier pose le cadre de son premier film ; il s’interroge sur la mutation de son pays, des contrastes qu’elle peut engendrer, entre modernisation et tradition, ville et campagne, jeunesse et vieillesse. Trois antagonismes que l’on retrouve régulièrement, traités à l’unisson.
- © 2016 Zootrope Films. Tous droits réservés.
Le cinéaste utilise pour cela la thématique de la pornographie, qu’il assimile à une dérive de ce modernisme, pour suivre cette jeune « retraitée » de 30 ans (le titre original du film est « La Jubiliada ») qui, après une carrière réussie dans le milieu des films X à Santiago, rentre dans son village natal pour tenter de reprendre une vie normale au milieu de sa famille et de ses amis. Evidemment cette parenthèse aux mœurs légères se révélera rapidement être un handicap pour la jeune femme. Fabiola se rend vite compte qu’il est difficile de faire bouger les mentalités, que la mutation de son pays se fait finalement à deux vitesses. L’illustration est faite par sa volonté d’installer un tout premier ordinateur au sein du foyer, ce qui provoque les réticences du père.
Fabiola, star de films X ? Un coup d’essuie-glace mental est nécessaire pour se l’imaginer, tant notre esprit occidental est embué par les clichés que peuvent véhiculer le milieu de la pornographie (exubérance, sensualité à outrance, argent facile) et qui sont, ici, totalement absent, le réalisateur prenant le parti de s’en écarter un maximum.
Le regard des autres sur cette « revenante » (au sens propre comme figuré, tellement l’héroïne apparaît comme un fantôme pour certains protagonistes), est traité de différents points de vue : familial, professionnel ou amical, avec plus ou moins de réussite.
Alors que la relation avec le père et la sœur (Catalina Saavedra, vedette des Vieux chats et de La Nana, que l’on retrouve ici avec plaisir) est basée sur des « non-dits » avec une certaine justesse, l’embauche de Fabiola en tant que contremaître dans une collecte de ferraille (reconversion peu crédible...) et sa relation avec son nouveau patron, dont on devine très rapidement les intentions véritables, sont empreintes d’un certain nombre de clichés et d’invraisemblances.
Le tout est filmé d’un point de vue statique avec un sens aigu du cadrage et de la lumière (tout le film est en plan fixe), le réalisateur posant sa caméra tel un témoin immobile et illustrant ainsi ce village qui, lui aussi, semble refuser le mouvement.
Pour son premier film Jairo Boisier aborde le sujet du changement sociétal de façon un peu mécanique et peine à nous convaincre complètement. La réalisation somnolente pourra en dérouter certains, même si elle sonne finalement comme une réponse pessimiste mais réaliste du réalisateur à l’encontre de son sujet : l’acceptation par tous du mouvement initié par une nouvelle génération en quête de bouleversements.
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