Notre avis : En passant par la cristallisation de l’image de la femme parfaite, aux cadenas qui empêchent les mamans de s’exprimer, Le regret d’être mère d’Orna Donath est nettement plus riche qu’il n’y paraît, allant même jusqu’à concevoir du positif dans le sentiment du regret maternel, qui est pourtant réprouvé par la société.
Fondé sur des études sociologiques dont certaines sont tirées d’anciens articles de l’auteur, l’ouvrage est destiné à toutes les lectrices désireuses d’approfondir leurs connaissances sur le lien entre la maternité et la société patriarcale.
“Toutes les lectrices”, car comme l’atteste le dernier paragraphe du livre, Le regret d’être mère s’adresse aux femmes avec l’expression “nous, toutes les femmes”, qui s’appuie sur un appel à l’action, voire sur une révolution sociétale après avoir refermé le livre.
Et il y a de quoi passer à l’action, lorsque l’on est confronté aux témoignages bruts des mères, qui sont particulièrement poignants et se distinguent du reste du texte par leur émotionnelle. Ces témoignages recueillis selon une méthode scientifique qualitative, couramment utilisée en sciences sociales, trouvent leur originalité dans la thématique, qui est un tabou sociétal : en l’occurrence, envisager qu’être mère était une erreur.
Cependant, il arrive que les catégories choisies pour le guide d’entretien semi-directif fassent apparaître des répétitions. Ainsi, une impression de redondance émerge au dernier tiers de l’ouvrage, avec une sensation de déjà-vu.
Qui plus est, au fil de la lecture, on reste cantonné aux champs sociologiques et féministes. Le manque, voire l’absence de références à d’autres courants scientifiques et littéraires, amoindrit la richesse de l’œuvre d’Orna Donath. De fait, un livre à destination d’un grand public ne peut faire l’impasse sur les autres manières de voir le monde.
Ainsi, il est ironique de promouvoir l’éventail des possibles dans la vie d’une femme et a contrario de se limiter à deux courants de pensées. De plus, les phrases interminables et théoriques -pouvant atteindre cinq lignes- imposent une relecture, desservent l’œuvre dans sa globalité.
Malgré tout, ce livre doit être conseillé à toutes les femmes, peu importe leurs ressentis et leurs positions sur le sujet. Car Le regret d’être mère étudie la maternité au sens large, par le prisme du regret.