Le prête-nom - Martin Ritt - critique

Critique : Considéré par certains comme trop léger et superficiel lors de sa sortie sur les écrans américains en 1976, Le prête-nom s’avère être une œuvre qui aborde sobrement et en toute humilité une période difficile du cinéma hollywoodien : le début des années 1950, les listes noires et le maccarthysme. La simplicité formelle de la mise en scène de Martin Ritt - lui-même autrefois mis sur liste noire par le gouvernement américain, tout comme Walter Bernstein, scénariste du film - évite les débordements dramatiques pour parler de cette période où l’industrie du cinéma se retrouvait pieds et poings liés. Le scénario amène à découvrir des personnages plus complexes qu’ils n’en ont l’air et déjoue habilement les attentes du spectateur.
Les performances des acteurs se trouvent ici rehaussées par la présence de Woody Allen, acteur phare du casting, qui donne tout son relief au personnage de Howard Prince, à la fois si anonyme en quidam accédant à une célébrité soudaine et si remarquable en outsider infiltré dans le milieu télévisuel. Allen l’acteur apporte au film une certaine touche d’humour qui lui est propre et c’est avec un certain plaisir que l’on voit l’acteur s’emparer des dialogues avec sa diction si particulière. Woody Allen se retrouve ainsi très rapidement au centre de l’attention et met de façon très évidente sa patte au film, à tel point qu’il en volerait presque la vedette au réalisateur. Outre Woody Allen, il faudrait souligner la performance de Zero Mostel, acteur qui figurait lui aussi sur liste noire, dont le personnage révèle véritablement la dureté de la condition d’artiste durant cette période.
La photographie du film, signée Michael Chapman (Le Parrain, Raging Bull) reste cependant assez classique, tout comme la bande-son, réalisée par Dave Grusin. Le prête-nom est donc un film qui mérite d’être vu pour ses qualités scénaristiques et la performance de ses acteurs plus que pour ses audaces de réalisation.

LE TEST DVD

Une nouvelle édition DVD à l’image décevante et aux suppléments trop succincts pour un film qui mérite d’être connu.

Les suppléments :

Les suppléments de cette édition s’ouvrent sur une présentation du film de treize minutes faite par Jean Douchet, qui remplit sa mission en mettant en avant les points forts du film et en rappelant le contexte politique et historique auquel l’œuvre se réfère. À cela s’ajoutent une galerie photo ainsi que la bande-annonce du film. Des suppléments corrects qui constituent une sympathique introduction, mais ne permettent pas d’aller plus avant dans l’œuvre.

L’image :

Le report DVD nous présente ici une version terne, qui manque de piqué, endort l’œil du spectateur et ne rend pas justice au travail du directeur de la photographie.

Le son :

La version stéréo proposée par cette édition DVD est plutôt satisfaisante et réussit à mettre les dialogues en valeur dans la version originale sous-titrée. La version française disponible n’est pas en reste : les voix y sont très claires et le doublage convaincant.