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Le 17 mai 2005
Une fable universelle sur le sens de la vie. Un grand petit roman.
Une fable universelle sur le sens de la vie. Un grand petit roman.
C’est un des grands classiques de la littérature américaine, prix Pulitzer en 1928 et dont le succès ne s’est jamais démenti depuis. Il le mérite, même s’il est moins célèbre de ce côté-ci de l’Atlantique. C’est un coup de maître d’un écrivain alors en début de carrière - Thornton Wilder n’a que trente ans au moment de la parution -, mais qui va encore largement faire parler de lui par la suite. Nous sommes à Lima, en 1714. L’histoire démarre lorsqu’un pont suspendu au-dessus d’une profonde gorge s’écroule, entraînant dans sa chute cinq personnes. Témoin de la catastrophe, le frère Juniper n’aura de cesse de prouver scientifiquement la logique de ce drame. Il ne peut s’agir évidemment, selon lui, franciscain bon teint, que de la volonté divine. Sa quête l’amènera donc à fouiller dans les vies (de pécheurs) des victimes pour démontrer ce qui les reliait et les raisons précises qu’elles avaient de se trouver là, au-dessus du vide, à ce moment déterminé, prêtes à être simultanément précipitées dans le gouffre par un Dieu tout-puissant.
Le thème est propice et permet à Thornton Wilder de brosser, autour de personnages ayant réellement existé - le vice-roi du Pérou, la Périchole - une mini-galerie de portraits dans un style simple et direct, très "grand siècle". On y rencontre la marquise de Montemayor, une épistolière façon Sévigné en plus trash, accompagnée de sa jeune suivante Pepita ; un intrigant dénommé oncle Pio, imprésario de la Périchole, flanqué de Jaime, fils cadet de celle-ci ; et pour clore la marche funèbre, Esteban, un orphelin qui a perdu tout repère depuis la mort de son frère jumeau et songe au suicide. Le roman, court, resserré, est abordé du point de vue d’un narrateur très "cool", assez mélancolique, détaché des faits et par moments plutôt pince-sans-rire. Il compose une fable tout à fait réussie sur le sens de la vie. Avec une chute narquoise, genre "tel est pris qui croyait prendre", qu’on se gardera bien de dévoiler, mais qui ajoute une saveur supplémentaire à la réflexion que ne manquera pas de provoquer chez le lecteur ce texte à la portée universel. Un grand petit roman qui bat brillamment en brèche l’idée de destin pour la remplacer par celle d’ironie du sort.
Thornton Wilder, Le pont du Roi Saint Louis (The bridge of San Luis Rey, traduit de l’anglais par Maurice Remon), préface inédite de Russel Banks, Le livre de poche, 2005, 187 pages, 5 €
Regards croisés : Le pont du Roi Saint Louis, le film de Mary McGuckian
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