Le 17 août 2018
Une étude psychologique audacieuse et des interprètes en état de grâce font de ce petit film une œuvre estimable qui mérite le détour.
- Réalisateur : Fabio Mollo
- Acteurs : Luca Marinelli, Isabella Ragonese, Anna Ferruzzo, Mario Sgueglia, Miriam Karlkvist
- Genre : Drame, Road movie, LGBTQIA+
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Paris Black Films
- Durée : 1h32mn
- Titre original : Il padre d'Italia
- Date de sortie : 15 août 2018
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Résumé : Paolo est un jeune homme homosexuel solitaire et introverti qui travaille comme vendeur dans un magasin de Turin. Il vient de rompre avec son petit ami qui voulait se marier et fonder une famille. Un soir, Mia, une jeune femme enceinte de 6 mois, s’évanouit dans ses bras. Paolo va l’aider et l’héberger chez lui...
Critique : Sorti en catimini en ce milieu du mois d’août avec une exploitation dans quatre salles parisiennes et une distribution limitée en province, ce second long métrage de Fabio Mollo (Le Sud n’est rien), coproduit par Rai Cinema, mérite de ne pas passer inaperçu. Le film a obtenu plusieurs distinctions justifiées dont le Prix de la Critique aux Rencontres du Cinéma Italien de Toulouse et le Prix du Public au Festival du Film Italien de Bastia. Certes, la mise en scène ne révolutionne pas l’esthétique du septième art et l’œuvre n’est pas exempte de maladresses, à l’instar de ces ralentis chichiteux dans les ruelles du vieux Naples ou de ces chansons sirupeuses qui envahissent par moments la bande sonore. Mais en dépit de ces réserves, le métrage parvient à dépasser les clichés inhérents à ce type de production. L’amitié amoureuse entre ce jeune gay torturé et cette future mère space aurait pu recycler tous les poncifs du genre, et l’on redoute un moment un remake en mode branché et « ciné indé » du classique Une journée particulière d’Ettore Scola, le road movie entre Turin et Naples avec deux êtres dissemblables pouvant par ailleurs laisser croire que les auteurs suivent les chemins balisés de Folles de joies, succès transalpin de Paolo Virzi.
- Copyright Bianca Film /RAI Cinema
Le charme discret du Père d’Italia réside pourtant en premier lieu de la relation entre deux personnages que tout sépare. Paolo est un être certes tourmenté et blessé par un récent échec sentimental, mais son homosexualité assumée et son sens des réalités en font un homme relativement intégré, y compris dans son travail où il entretient des relations de confiance avec ses collaborateurs. Encore plus défoncée et à l’ouest que Marion Cotillard dans Gueule d’ange, Mia n’a ni job, ni relation stable, ni domicile fixe, et traîne sa grossesse comme un boulet. Si le scénario évoque la piste de l’interaction, Paolo semblant se décoincer face à Mia et cette dernière pouvant devenir plus lucide et structurée depuis qu’elle le connaît, l’étude psychologique met en avant les affres du désir, le premier baiser échangé entre les deux jeunes gens suggérant une autre orientation de la narration.
- Copyright Bianca Film /RAI Cinema
Le second intérêt de l’œuvre réside dans son traitement de l’homoparentalité avec une audace qui marque une étape dans le cinéma LGBT, loin de l’excès militant ou de la fibre sentimentaliste de certains films de festival. Par ailleurs, Fabio Mollo a réussi un casting sans failles, du ténébreux Luca Marinelli (déjà vu dans Una questione privata) à la diaphane Isabelle Ragonese (La Nostra vita), en passant par des seconds rôles inspirés (Anna Ferruzzo qui incarne la mère de Mia). Pour toutes ces raisons, Le Père d’Italia, mérite le détour, même s’il demeure un film mineur. Réalisateur discret qui s’inscrit dans la veine mélodramatique d’un Comencini tout en revisitant le néoréalisme, Fabio Mollo est un artisan consciencieux tout autant qu’un conteur de talent.
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