Sans son frère
Le 23 février 2010
Paris, Texas revival. Un premier film déchirant. Immanquable.


- Réalisateur : Eric Caravaca
- Acteurs : Éric Caravaca, Julie Depardieu, Vincent Rottiers
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
– Durée : 1h25mn
– Adapté du roman d’Arnaud Cathrine, La route de Midland
Paris, Texas revival. Un premier film déchirant. Immanquable.
L’argument : Disparu depuis longtemps de la vie de Thomas (Eric Caravaca), Richard (Rémi Martin), son frère aîné, refait enfin surface... mort. Bouleversé, Thomas revient dans la ville de son enfance, fuie des années auparavant, pour préparer ses funérailles. Le temps de prévenir ses proches et de faire face à son passé.
Notre avis : Caravaca a le vague à l’âme ! Au fil d’un paysage morose, Le passager décline un nuancier de gris, sa bande-son crisse des vagissements de nouveau-né. De quoi choper le blues en moins de deux. Calé au fond de son siège, on se laisse pourtant aller à ce crescendo émotionnel. Les clefs de cette marée bouleversante et juste ? Un frère mort, des drames tus, des silences pesants et le retour au pays natal. Doucement, le film nous enrobe de sa grisaille douloureuse et, la lumière revenue, on sort les yeux embués, prêt à chialer tout son soûl.
D’un canevas minimal, Eric Caravaca tire ce premier film louchant du côté de Wenders, période Paris, Texas. Port-la-Nouvelle déploie sa poésie industrielle pour laisser éclater les émotions. Dans un bouge hôtelier oublié du reste du monde, Jeanne (Julie Depardieu) s’accroche à ses illusions amoureuses. Reviendra, reviendra pas ? Richard (Rémi Martin), le bien-aimé fuyard, s’est fait la malle depuis un bail mais elle attend son retour. Au cas où...
Le passager tire le portrait d’une poignée de losers magnifiques, d’hommes et de femmes n’ayant pas de "talent pour la vie". Le film s’aquarelle de leurs larmes. Car Thomas (Eric Caravaca) est venu pour solder les comptes émotionnels de son frère aîné : une petite amie abandonnée du jour au lendemain, une femme violée adolescente, un gamin élevé comme un fils. Pas facile de leur annoncer sa mort, d’assombrir un horizon déjà sacrément bouché !
Alors, Thomas se dégonfle, se tait puis, enfin découvert, en dit le moins possible. Des non-dits à peine comblés par le montage cinématographique tant les flashbacks remblaient à moitié la mémoire sépia des personnages. Une pudeur rare dans le cinéma français d’aujourd’hui, une délicatesse blessant au cœur le spectateur.
Le carré d’as de cette amertume sentimentale ? Julie Depardieu, Nathalie Richard (extraordinaire dans le rôle d’une chanteuse de cabaret à la Barbara), Vincent Rottiers et Eric Caravaca. La tristesse a leurs visages. Pour longtemps...
Norman06 21 avril 2009
Le passager - la critique
Pour son premier film en tant que réalisateur, Eric Caravaca n’a pas choisi la solution de facilité et se sort honorablement d’un scénario assez casse-gueule. Une œuvre intimiste à découvrir.