Le 5 février 2015
Avant Les tontons flingueurs, Georges Lautner s’était déjà livré à l’exercice de la comédie d’espionnage. Le premier épisode du Monocle dispose d’un charme certain.
- Réalisateur : Georges Lautner
- Acteurs : Bernard Blier, Elga Andersen, Paul Meurisse, Jacques Marin, Pierre Blanchar
- Genre : Comédie, Espionnage
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h44
- Date de sortie : 29 août 1961
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Sortie blu ray : le 4 février 2015
Avant Les tontons flingueurs, Georges Lautner s’était déjà livré à l’exercice de la comédie d’espionnage. Le premier épisode du Monocle dispose d’un charme certain.
L’argument : Le marquis de Villemaur a décidé d’inviter d’étranges individus dans sa demeure, afin de leur faire rencontrer un rescapé du IIIe Reich. Ainsi, il réunit un Italien fasciste, Heinrich, un Allemand et Dromard, un Français ex-commandant aveugle qui porte un monocle noir.
Notre avis : Georges Lautner, réalisateur du cultissime Les tontons flingueurs (1963), a connu son premier gros succès avec Le monocle noir (1961), adaptation très libre du roman du Colonel Rémy.
Si le roman est extrêmement sérieux, le film est quant à lui totalement décalé. Il s’agit d’une comédie policière sur fond d’espionnage. En pleine guerre froide, le public était alors friand de ce genre de films. On songe évidemment aux adaptations d’OSS 117 avec OSS 117 n’est pas mort ou encore au tout premier James Bond, sobrement intitulé Dr No de son titre original, sorti la même année que Le monocle noir.
Ce dernier dispose d’un synopsis pour le moins sérieux : des anciens nazis, réunis dans le château du marquis de Villemaur, ont pour projet de créer un ordre nouveau, une sorte d’émanation du IIIème Reich.
A l’époque, à peine 15 ans après la Deuxième guerre mondiale, il n’était pas évident de sortir un film dont certains des protagonistes sont des anciens nazis. Le distributeur de l’époque n’était d’ailleurs pas favorable à la sortie de ce film qui osait rire de tout.
Pourtant, Georges Lautner manie avec maestria un ton totalement décalé tout au long du Monocle noir, ce qui annihile toute tension relative au sujet évoqué. Dès le départ, le spectateur est mis dans l’ambiance avec Bernard Blier qui présente le film : Mesdames et messieurs je vous demande pardon une minute. Juste le temps de ne pas prendre trop au sérieux ce monocle noir qui étudie le comportement d’un intellectuel à peu près fou entouré par de nombreux et curieux espions.
Le fameux Monocle, qui donne son titre au film, est le surnom d’un agent secret français, le commandant Théobald Dromard. Se faisant passer pour un non voyant qui porte un monocle – on voit d’entrée de jeu le côté absurde de la chose – le commandant Dromard est parvenu à s’infiltrer parmi ces nazis et attend son heure pour pouvoir les arrêter.
Georges Lautner force le trait de son personnage principal qui porte un chapeau et une veste ridicules. Sans compter son fameux monocle qui n’a donc aucun intérêt pour un aveugle ! Paul Meurisse, qui à la base, ne voulait pas tourner dans ce film mais qui se retrouvait lié par un contrat, avait décidé d’en faire des tonnes, ce qui accroît l’auto-dérision du personnage joué. Il faut dire que Le monocle détonne sans cesse par son flegme, son cynisme et son humour presque taquin par instants. C’est un personnage en soi au même titre qu’un James Bond. Sauf qu’ici le monocle ne combat quasiment jamais, puisqu’il joue à fond la carte de l’homme handicapé travaillant dans l’ombre.
Le coup du non voyant imaginaire n’est pas le seul subterfuge de cette œuvre à l’ambiance étonnante. Dans cette comédie d’espionnage, ceux que l’on croit morts ne le sont pas et les alliances ne tiennent parfois qu’à un fil. D’où l’excellente tirade du commissaire Tournmire : Les aveugles ne sont plus aveugles. Les innocents sont coupables. Les coupables sont innocents. Les espions courent les rues.
Eh oui c’est ça Le monocle noir. Une sorte de pastiche de films d’espionnage avec des héros qui n’en ont pas l’air et des scènes souvent très drôles qui ôtent tout caractère dramatique à l’ensemble.
Pour mettre en scène une histoire abracadabrantesque, Georges Lautner bénéficie d’un casting de qualité. Paul Meurisse retient évidemment l’attention dans le rôle du Monocle. Mais il est également assisté d’excellents seconds rôles. Bernard Blier est hilarant à chacune de ses apparitions dans le rôle du commissaire de police dépassé par les événements. Jacques Marin (Trochu) et Jacques Dufilho constituent eux aussi de savoureux seconds rôles.
Comme dans toute bonne comédie d’espionnage qui se respecte, les femmes sont mises en valeur, pour apporter une touche glamour, sinon presque érotique par moments. Dans le château des nazis, le voyeurisme est omniprésent. Si l’on ne voit pas grand chose, les jolies Elga Andersen, Catherine Sola et Marie Dubois y sont toutefois à leur avantage.
De son côté, la mise en scène suit parfaitement le scénario alambiqué. Georges Lautner utilise au mieux l’espace où l’on découvre constamment des passages secrets, des portes dérobées ou encore des souterrains inattendus.
En somme, ce premier épisode des aventures du “Monocle” constitue un spectacle fort distrayant.
Un film brillamment restauré, mais un peu chiche en bonus.
Les suppléments :
Le principal bonus est un documentaire de vingt minutes où plusieurs intervenants, et notamment Bertrand Blier, évoquent de nombreuses anecdotes autour du film. On apprend avec intérêt la genèse du film et les raisons pour lesquelles Le monocle noir est précurseur des Tontons flingueurs.
L’autre bonus est un film annonce de 3 minutes qui résume assez bien le style du film.
L’image :
L’image restaurée est très belle, et permet d’apprécier un noir et blanc radieux, grâce au contraste affiné et une épuration des vanillées infligées par le temps.
Le son :
Son en mono DTS-HD master audio. Dialogues secs, bande son jazzy renforcé. Du bon boulot.
A noter la très bonne initiative de l’éditeur qui permet de suivre Le monocle noir en audiovision mais aussi de disposer de sous-titres pour sourds et malentendants.
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