Le 28 janvier 2025
Une comédie caustique pour dynamiter de l’intérieur une société japonaise encore emberlificotée dans ses traditions.
- Réalisateur : Naoko Ogigami
- Acteurs : Akira Emoto, Mariko Tsutsui, Hayato Isomura, Tamae Ando, Ken Mitsuishi
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Art House Films
- Durée : 2h00mn
- Titre original : Hamon
- Date de sortie : 29 novembre 2024
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Résumé : Luxe, calme et volupté. Tout va pour le mieux dans la vie parfaitement réglée de Yoriko et de tous ceux qui, comme elle, ont rejoint la secte de l’eau. Jusqu’au jour où son mari revient à la maison après de nombreuses années d’absence, entraînant avec lui une myriade de problèmes. Rien, pas même ses plus ferventes prières, ne semble restaurer la précieuse quiétude de Yoriko… Avec tout cela, comment faire pour rester zen ?
Critique : Vu de notre Occident trépidant, le Japon fait figure de modèle de sagesse et de discipline. Le jardin de Yoriko au gravier si parfaitement ratissé que même un chat n’a pas le droit de le traverser en est le symbole. Mais derrière cette apparente perfection ne se cache-t-il pas une réalité moins reluisante, en particulier quant au sort réservé aux femmes encore soumises aux diktats patriarcaux, bien éloignés de l’égalité des sexes ?
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Cette maîtrise parfaite de la nature ne préserve pourtant pas le pays de régulières catastrophes naturelles, à l’image du tremblement de terre de mars 2011 qui marque un séisme dans la vie de cette jeune femme japonaise, puisque c’est à cette époque que son mari disparaît, la laissant seule avec un fils à élever et un père grabataire à soigner. Tâches dont elle s’acquitte avec dévouement non par bonté d’âme mais par respect de ce qu’exige la société. Pendant que le jardin, méticuleusement et quotidiennement entretenu, se fait la métaphore du marasme de la vie de Yoriko, celle-ci trouve le salut à travers la fréquentation d’une secte qui prône les vertus de l’eau comme remède à tous les maux. Aussi, quand des années plus tard, le mari revient prendre sa place de maître absolu, bientôt suivi du fils qui, sans gêne, vient s’installer avec sa compagne, c’est une toute autre épouse et mère qu’ils découvrent. Tiraillée entre sa quête de spiritualité et son désir de vengeance attisé par une amie, elle s’éveille à la réalité et prend peu à peu possession d’elle-même, à travers, entre autres, les bienfaits réels et non plus sectaires, de l’eau. Mais est-il si facile de se détacher d’un endoctrinement quel qu’il soit ?
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L’actrice Mariko Tsutsui apporte toutes les nuances nécessaires à ce personnage double, capable de passer d’une apparente mansuétude à une perfidie millimétrée en quelques instants. Maniant avec brio l’humour noir, la réalisatrice utilise cette capacité à transmettre toute une palette d’émotions pour dédramatiser, sans minimiser, des situations difficiles, et dénoncer des conventions sociales obsolètes. Au-delà de la critique sociale autour de femmes japonaises, encore exclusivement cantonnées à leur rôle de mère et d’épouse, le film interroge de manière universelle sur le sens de la spiritualité, le pouvoir des sectes dans un monde de solitude, les notions de bien et de mal, et explore avec finesse les aspects sombres de la nature humaine.
La mise en scène d’une élégance certaine joue subtilement entre ombre et lumière pour dénicher dans cet univers de quiétude simulée une brutalité latente.
La vitalité du cinéma japonais se distingue désormais à travers des personnages féminins rebelles et complexes associés à des thématiques sociales jusqu’alors peu évoquées. Film tout à la fois drôle, touchant, et mordant, le jardin zen contribue à cette émergence et vaut, à coup sûr, le détour.
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