Le Hobbit : la bataille des cinq armées version longue - la critique du film

Critique : Que l’on aime ou pas le travail de Peter Jackson sur le Hobbit, force est de constater que le découpage du (petit) roman de Tolkien en trois films, en plus d’être un argument commercial, était surtout un pari risqué, artistiquement parlant. Si le premier film remplissait à merveille son objectif, en introduisant de nouveaux personnages dans un univers délicieusement familier, le deuxième se présentait comme un opus orgiaque, démesuré, parfois instable mais souvent grisant. Il fallait donc une conclusion qui offre un peu plus d’audace que le premier, et un peu moins de maladresses que le deuxième. Dans les salles obscures, il fallait pourtant se rendre à l’évidence. La Bataille des Cinq Armées souffrait d’un déséquilibre flagrant, sacrifiant, un comble, les treize nains et Bilbon, au profit de personnages secondaires pas toujours bien dessinés, et proposant une bataille finale au montage laborieux. Une bataille tant attendue et finalement à des années lumière du siège de Minas Tirith ou de la bataille des champs du Pelennor, pour citer l’illustre trilogie du Seigneur des Anneaux. Comparaison facile, certes, mais inévitable.
A l’arrivée, la version longue, disons le tout net, corrige le tir. On pouvait craindre, avec seulement vingt minutes supplémentaires, que rien ne suffirait à rattraper les défauts du film. En réalité, l’ensemble se révèle réjouissant à plus d’un titre. Réjouissant, en effet, de voir un film qui se tient, enfin, de sa première bobine jusqu’à sa conclusion. On est heureux, surtout, de retrouver Bilbon et la compagnie des treize nains au cœur du récit, et une bataille, plus longue, mieux rythmée, offrant, enfin, de vrais affrontements guerriers. On retiendra une réjouissante (et sanglante) course de char digne d’un Tex Avery, et un côté slapstick cette fois pleinement assumé. Même les acrobaties invraisemblables de Legolas, plus nombreuses, en deviennent réjouissantes. On notera également, à l’instar de la version longue de La désolation de Smaug, un passage à Dol Guldur qui gagne en épaisseur. Enfin, l’émotion, atout clé désespérément absent de la version cinéma, refait ici surface, au détour notamment d’un échange chargé en émotion entre Bilbon et Bofur. Tout ces ajouts, en plus d’enrichir les personnages et d’équilibrer le rythme, finissent même par déteindre sur des éléments auparavant agaçants, donnant au conflit entre Legolas et son père Thranduil, une saveur nouvelle. Qui l’eut crû ?!