Le 29 octobre 2023
L’un des films culte des années 80. Phénomène de société, le troisième long métrage de Luc Besson est surtout une belle coquille vide.


- Réalisateur : Luc Besson
- Acteurs : Jean-Marc Barr, Jean Reno, Sergio Castellitto, Griffin Dunne , Jean Bouise, Rosanna Arquette, Marc Duret, Valentina Vargas, Paul Shenar, Kimberly Beck, Andréas Voutsinas
- Genre : Comédie dramatique, Aventures
- Nationalité : Américain, Français, Italien
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 2h12mn / 2h48mn (durée intégrale)
- Date télé : 9 novembre 2023 23:45
- Chaîne : Arte
- Box-office : 9.192.732 entrées France / 1.547.043 entrées P.P.
- Date de sortie : 11 mai 1988

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Critique : Que reste-t-il aujourd’hui de ce long métrage so eighties, dont le succès transcenda le simple domaine cinématographique, fut qualifié de film générationnel -oui, on parla de "génération Grand Bleu", puisque les ados et les tout juste adultes avaient tant aimé- ? De quoi la troisième réalisation de Besson était-elle donc le nom ? S’agissait-il, pour une jeunesse qui fuyait les années fric, la réussite sociale érigée en modèle néo-libéral, de se reconnaître dans les exploits en apnée de quelques plongeurs, se ressourçant auprès de la nature qui, elle, ne ment pas ? En fait, la force du film de Besson, c’est son grand vide, aussi immense que peuvent l’être les profondeurs bleutées d’un océan, dans lequel on peut se réfugier jusqu’à vouloir y rester, comme le héros investi par Jean-Marc Barr, à travers une célèbre scène amniotique. On notera que ce choix des dauphins contre sa bien-aimée provoqua des blagues sarcastiques, Luc Besson ayant aussi cette capacité à donner des bâtons pour se faire battre, par le truchement de scénarios basiques et de dialogues médiocres.
Disons que les plus belles séquences sont évidemment muettes, lorsque l’image reprend ses droits et que le réalisateur, avec le talent qu’on lui connaît, joue de toutes les variations de la lumière, pour esquisser un contraste entre le monde sub-aquatique et un autre espace, doré par la lumière méditerrannéene. Incontestablement, Besson n’est jamais aussi bon que lorsqu’il laisse parler sa caméra (on l’avait compris dès Le Dernier combat), même si le personnage de Jacques Mayol, inspiré du vrai plongeur apnéiste, a cette bonne idée de privilégier le silence pour se concentrer (ce qui facilite le travail). Son rival, le roublard et enjoué Enzo Molinari, doublon du célèbre adversaire de Mayol dans la vraie vie, Enzo Maiorca, est certes plus bavard et infiniment plus drôle, même si son arrogance en fait la victime toute désignée d’un scénario manichéen. Son péché d’orgueil sera évidemment puni.
Face au monolithique Barr, aussi expressif qu’un mérou brun, Jean Reno est la révélation du film. On peut regarder juste pour lui, son exubérance hâbleuse qui oxygène ce long métrage assez mortifère, où Rosanna Arquette joue les utilités dans un rôle de ravissante Pénélope.