City of violence
Le 14 août 2019
Présenté hors compétition à Cannes, numéro un au box-office coréen, Le Gangster, le flic et l’assassin se contente pourtant de mettre en pratique des recettes éprouvées, pour un résultat plaisant mais convenu.
- Réalisateur : Lee Won-Tae
- Acteurs : Ma Dong-seok, Sung-kyu Kim, Kim Moo-yul
- Genre : Action, Thriller
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h49
- Titre original : 악인전 (Akinjeon) / The Gangster, The Cop, The Devil
- Date de sortie : 14 août 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019
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Résumé : Un puissant chef de gang dont la férocité est redoutée dans le milieu manque de se faire assassiner par un homme qui prend la fuite sans être identifié. S’il a survécu de justesse à l’attaque, le gangster sait que sa réputation est irrémédiablement endommagée : il doit retrouver l’assassin et le faire payer. De son côté, un inspecteur de police, est persuadé que le fameux assassin est l’insaisissable tueur en série nommé "K". Le flic et le gangster vont alors unir leurs forces pour attraper l’assassin. Mais si le premier rêve de le voir derrière les barreaux, le deuxième n’a qu’une idée en tête : se venger.
Notre avis : En version originale, le titre du film ne fait aucune allusion au western mais simplement référence à une « histoire de méchants ». De fait, la Corée du Sud avait déjà livré sa relecture du « truel » de Sergio Leone, Le Bon, la Brute et le Cinglé de Kim Jee-woon, un « eastern kimchi » présenté en séance de minuit durant l’édition 2008 du Festival de Cannes et dans lequel apparaissait déjà Ma Dong-seok : c’est dans le même cadre que le public a découvert, en mai dernier, ce nouvel actionner, dont le titre est moins un hommage qu’un programme.
- Copyright : Metropolitan FilmExport
Car si ce titre est déceptif, il n’en a pas moins le mérite de présenter l’improbable triangle d’anti-héros autour duquel est construite l’intrigue du film : interprété par le corpulent mais charismatique Ma Dong-seok – récemment vu dans le Dernier train pour Busan et surnommé Don Lee à cause de sa mine patibulaire - le gangster règne sur le quartier qui relève de la compétence du flic (Kim Moo-yul), une ambitieuse tête brûlée, dont l’impatience rend les méthodes expéditives. Mais leur rivalité prend une autre dimension quand apparaît l’assassin (Kim Sung-kyu), un tueur en série qui trucide des automobilistes au hasard, après avoir heurté leur pare-chocs arrière dans des rues désertes.
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Cependant, tout bascule vraiment lorsque ce dernier s’en prend au premier et que le gangster, qui a miraculeusement survécu aux coups de couteau qu’il a reçus, décide de se venger en lançant ses hommes à la recherche du psychopathe : il est surtout contraint de s’associer au deuxième, bien que celui-ci cherche à le faire tomber depuis longtemps. Le flic se retrouve donc gratifié d’un improbable allié, avec lequel il lui faudra collaborer, tout en l’empêchant de tuer le meurtrier. Se noue alors entre les deux hommes une relation paradoxale, faite de compétition et de défiance, mais, malgré tout, d’estime et d’entraide.
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Les amateurs du genre ne seront pas déçus : film d’action explosif et décapant, le film de Lee Won-tae mélange ultraviolence et humour noir. Les personnages se provoquent, s’invectivent et se frappent dans la plus pure tradition du film policier sud-coréen, tandis que le réalisateur s’emploie à remplir son quota de meurtres à l’arme blanche, de bagarres épiques et de courses-poursuites motorisées. La lumière est soignée, le sens du spectacle indéniable et le scénario bien ficelé, sur fond de vengeance, thème cher au cinéma coréen.
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Cependant, le long métrage, qui a beau être le deuxième de son réalisateur, ne prend jamais le risque de s’aventurer trop loin des sentiers battus. Lee Won-tae enchaîne les péripéties déjà vues selon des formes connues, se contentant la plupart du temps de reprendre les lieux communs du genre. Et même les trois personnages que réunit le scénario, le truand à la brutalité implacable, le limier un peu chien fou et le serial killer psychopathe, constituent autant d’archétypes déjà rencontrés dans des films comme The Murderer, J’ai rencontré le diable ou encore Memories of Murder.
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Le film laisse ainsi l’impression, malgré l’action percutante et le rythme haletant, d’un produit calibré, qui manque d’un véritable morceau de bravoure. D’autant que son réalisateur ne sait pas à quel démon se vouer, hésitant à faire de son film une descente au sein d’un gang mafieux, une chasse à l’homme sur fond de guerre des polices ou une plongée dans la psyché d’un criminel (c’est au Seven de David Fincher qu’il fait alors des références appuyées)…
Il est vrai que le scénario propose une variation intéressante, dans la tradition de films comme M le Maudit, sur le thème de l’alliance entre la pègre et des policiers pour arrêter un pervers (étant entendu, puisque c’est un lieu commun des polars sud-coréens, que les forces de l’ordre y sont composées d’incapables et de ripoux). Il est également manifeste que Lee Won-tae tente d’interroger la frontière qui sépare les flics des voyous, mais il finit par être lui-même emporté dans le maelström d’action ininterrompue que devient très rapidement son long-métrage.
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Il finit surtout par nous présenter, après avoir visiblement épuisé toutes les possibilités de scènes d’action, un final contestable : se piquant d’éthique, il tente ainsi de clore son long-métrage en suggérant un distinguo entre peine de mort et vengeance personnelle. Et il a beau plaider, en interview, pour un cinéma cathartique, on ne peut s’empêcher de penser que « les travellings sont » tout de même « une affaire de morale ».
Le comédien Ma Dong-seok devrait reprendre son rôle de gangster dans un remake américain du film produit par Sylvester Stallone.
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