Le 9 août 2020
Jean-Christophe Rufin rempile avec Aurel Timescu, son personnage désormais récurrent de petit consul qui, cette fois, mène l’enquête à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, sur la mystérieuse disparition de l’épouse d’un Ambassadeur de France, fébrile et secret.
- Auteur : Jean-Christophe Rufin
- Editeur : Gallimard
- Genre : Polar, Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 17 juin 2020
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : Le pays : un rêve... Habitué aux destinations calamiteuses, Aurel Timescu, le petit Consul, est pour une fois affecté dans un lieu enchanteur. Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan ex-soviétique, est une ville pleine de charme au climat doux, au luxe élégant. À la terrasse de cafés d’allure parisienne, on y déguste un petit blanc local très savoureux. L’ambassade : un cauchemar... Le chef de poste, autoritaire et brutal, est bien décidé à se débarrasser d’Aurel. Le fantôme de sa femme, récemment victime d’un tragique et mystérieux accident, plane au-dessus de l’ambassade. Et l’équipe diplomatique, tétanisée par le deuil, est livrée à la crainte et au soupçon. Il n’en faut pas plus pour qu’Aurel se lance dans une enquête plus folle que jamais. Basée sur de fragiles intuitions, elle prendra, entre mafias locales et grands contrats internationaux, l’ampleur d’une affaire d’État. Cette fois, Aurel ne lutte pas seulement pour faire triompher la justice. Il se bat pour une cause nouvelle et inattendue : rester là où il est et connaître enfin le bonheur.
Critique : Fort de ce troisième opus des aventures d’Aurel Timescu, son personnage d’enquêteur globe-trotteur, l’écrivain donne à ce genre du roman noir ses lettres de noblesse. Par la place faite aux intuitions et aux heureux hasards, le personnage d’Aurel ressemble plus à un héros de film noir américain qu’à cette catégorie de détectives de la littérature européenne, qui perpétuent le modèle rationnel et scientifique de l’enquêteur rompu aux approches cartésiennes et aux principes de la police scientifique. Ce parti pris fait d’Aurel Timescu un personnage ordinaire dont la réputation le précède sans en faire un avatar de figures dotées d’intelligences supérieures, telles que celles de Sherlock Holmes, Arsène Lupin, Hercule Poirot, etc. Ici, ces méthodes rationnelles et logiques, qui ont fait la science de déductions implacables héritées d’Arthur Conan Doyle, sont contrebalancées par une grande place laissée à la combinaison de chances et de rencontres, qui placent le petit consul sur de bonnes pistes. Aurel Timescu est un être complexe : il ne laisse pas indifférent et sait jouer de ces capacités d’improvisation, pour retourner les situations les plus improbables en sa faveur. Sa sagacité de détective autodidacte repose sur un sens aigu de l’observation, mais aussi sur un confort psychologique qui passe par quelques verres de vin blanc et l’accès à un piano. Les sirènes de l’attirance sensuelle vis-à-vis d’une femme que l’on peut sans ironie qualifier de « fatale » suffisent à le bousculer et le pousser à s’émanciper de sa condition de gratte-papier, au profit de celle de justicier.
Le héros n’est pas aussi discret qu’il le faudrait dans ce nid d’espions et d’« anges gardiens » en filature. Il fait figure de maestro autant que de clown. Il inspire sympathie autant que sidération. Ses postures peuvent être solennelles et burlesques à la fois. Il a à voir avec l’image de ce pays et de cette région du monde pétrie de contradictions et d’ambivalences. C’est aussi sans doute la meilleure explication à ce sentiment qui l’habite de pouvoir s’y installer définitivement. Cette impression ne dure qu’un temps, mais un temps suffisant pour faire tout ce qui est en ses moyens, de manière à y croire et tenter le tout pour le tout, le but étant de résoudre l’énigme de cet accident dont il aimerait croire qu’il s’agit d’un crime passionnel.
Ce récit est un plaisir pour les amateurs de destinations curieuses et d’intrigues policières rocambolesques. Il confirme le talent de l’écrivain académicien à faire de sa vie de diplomate le meilleur matériau pour son imagination.
Adaptation du roman en livre audio
1 CD MP3 (texte intégral)
environ 6h30
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