Le Feu de Thésée . T.1 . Survivre - La chronique BD

Ce premier tome d’un diptyque ne veut pas vraiment faire de la mythologie. Ou du moins, pas de la mythologie traditionnelle, celle qui glorifiait l’homme dans toute sa splendeur et sa virilité. En l’accablant d’une bâtardise et d’un passé de brigand, ce n’est pas seulement un changement de sexe qui s’opère dans cette réécriture : c’est tout une mise à plat réaliste et non plus mythique, pleine de rancœur et non plus de malédiction, qui s’opère dans cet album. Avec des aventures moins héroïques, des situations plus sombres, plus en accord avec une époque, une mentalité. Le film Hercule avait, avec beaucoup moins de talent, essayé de prendre cette voie pour parler des mythes. Force est de constater que les auteurs y sont parvenus, et il faudra maintenant attendre le second tome pour voir enfin la bête.

Francesco Trifogli, Antoine Pedron, Jerry Frissen / Les Humanoïdes Associés

En attendant, revenons brièvement sur le trait justement de Trifogli, qui a cherché après une entame reflet de la mythologie à s’en écarter progressivement. Tuniques et bijoux antiques, disposition des murs d’une villa comme on peut en trouver dans les livres d’archéologie, il n’y a que lorsque Thésée parvient à Athènes que cette dimension reparaît. Auparavant, on pourrait croire à une aventure historique, ou en tout cas se voulant réaliste. Les personnages féminins sont évidemment attirants, certains hommes robustes comme ceux de 300, mais l’ensemble ne transpire pas l’épique, ce que Murena avait déjà réussi à faire.

Francesco Trifogli, Antoine Pedron, Jerry Frissen / Les Humanoïdes Associés

Relecture adroite et abrupte du mythe du Minotaure, ce premier tome s’engouffre dans la brèche des origines de Thésée, féminine et indomptable, et laisse le champ libre pour l’événement final, mais a déjà bien préparé le terrain, dans la boue et le sang.