Le 4 août 2023
Ce film d’espionnage hors norme, filmé en caméra subjective, est un sommet dans la filmographie de Michel Deville.
- Réalisateur : Michel Deville
- Acteurs : Jean Martin, Patrick Chesnais, Christophe Malavoy, Claire Nadeau, François Marthouret, Roger Planchon, Françoise Lugagne, László Szabó, Pierre Londiche, Anna Prucnal, Liliane Gaudet, Pierre Meyrand, Jenny Clève, Michel Fortin, Jean-Michel Dupuis, Jean Dautremay, Didier Sauvegrain
- Genre : Espionnage, LGBTQIA+, Policier
- Nationalité : Français, Allemand
- Durée : 1h48mn
- Date de sortie : 30 août 1978
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Résumé : Dominique Auphal, diplomate français, est mis sous surveillance par des services secrets étrangers, qui désirent trouver une faille dans sa vie apparemment irréprochable, afin de le faire chanter et de le persuader de travailler pour eux. Sa vie privée est espionnée, analysée, commentée.
Critique : Le dossier 51 marqua un tournant dans la filmographie de Michel Deville. Jusque-là, le réalisateur était surtout connu pour ses délicieux marivaudages, longtemps coécrits par sa scénariste Nina Companeez, même si la noirceur avait imprégné certains de ses films des années 70, comme Le mouton enragé. Adapté d’un roman d’espionnage de Gilles Perrault, Le dossier 51 va plus loin dans le pessimisme et frappe par son épure, son absence de concessions et surtout son dispositif filmique audacieux, ce qui n’empêche pas son efficacité narrative. Le récit est construit comme un puzzle, dont on ne perçoit les enjeux qu’au bout d’une bonne demi-heure. Des services secrets internationaux, dont certains membres sont en voix off, enquêtent sur un diplomate français sans histoires, Dominique Auphal (François Marthouret), afin de chercher en lui la faille qui permettra de le faire chanter et de le contraindre à travailler pour eux.
- © 1978 Éléfilm. Tous droits réservés.
Le problème est que rien, ni dans le passé professionnel de « 51 », ni dans sa vie familiale ou amoureuse, ne semble révéler le moindre trouble. Jusqu’au jour où un agent découvre dans son portefeuille la mystérieuse photo d’une femme dont les yeux ne sont plus visibles… Le roman était jugé inadaptable, chaque page étant conçue comme une suite de fiches relatives à des rapport d’agents avec enquêtes, codage, sans noms propres, et demandes de missions dont les réponses apparaissaient au bout de quarante pages. Michel Deville s’en sort avec grande classe, utilisant le procédé de la caméra subjective pour filmer les entretiens, filatures et réunions de travail, une successions de photos en plans fixes complétant le dispositif. Le résultat aurait pu paraître répétitif et être assimilé à un vain exercice de style.
- © 1978 Éléfilm. Tous droits réservés.
Or, la mise en scène se révèle admirable, et se met avec pertinence au service du propos, qui est de cerner la froideur bureaucratique et le cynisme avec lequel une organisation détentrice de l’autorité utilise les ressources de la technologie et de la psychologie pour broyer un homme et arriver à ses fins. Tourné sans vedettes, le métrage doit aussi beaucoup à sa distribution composée de grands noms du théâtre ou seconds rôles talentueux. On citera, entre autres, Roger Planchon en directeur des services secrets machiavélique, Anna Prucnal en ex-militante gauchiste, Jenny Clève en femme de ménage curieuse, ou Didier Sauvegrain en séducteur fatal. Le dossier 51 fut un sévère échec en salles, n’ayant attiré que 268 776 spectateurs selon JP Box-Office. Mais il obtint le Prix Méliès 1978, ainsi que deux César : meilleur scénario pour Deville et Perrault ; et meilleur montage pour Raymonde Guyot, fidèle collaboratrice du réalisateur, dont le travail sera également remarqué pour La lectrice. Il demeure aujourd’hui un modèle du genre.
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