Danse avec les sabres
Le 13 janvier 2014
Une fiction par trop lyrique et artificielle, qui ne carbure qu’au premier degré.


- Réalisateur : Edward Zwick
- Acteurs : Tom Cruise, Billy Connolly, Timothy Spall, Hiroyuki Sanada, Scott Wilson, Ken Watanabe, Tony Goldwyn
- Genre : Historique, Film de guerre
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 2h24mn
- Date télé : 22 février 2025 22:45
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : The Last Samurai
- Date de sortie : 14 janvier 2004

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Résumé : En 1876, le capitaine Nathan Algren, sorti victorieux de la guerre de Sécession, vit avec les souvenirs des batailles sanglantes. Fort de son expérience au combat, il devient conseiller militaire pour le compte de l’empereur japonais soucieux d’éradiquer l’ancienne caste guerrière des samouraïs...
Critique : Le dernier samouraï marque le grand retour du cinéaste Edward Zwick (Glory, Légendes d’automne) à ses premières amours : les fresques ambitieuses, le film de guerre et l’épopée. Le scénario repose sur un argument simple : un capitaine, prisonnier, découvre un monde profane auquel il s’accoutume et bascule dans le camp adverse. Entre-temps, il sera initié aux codes des samouraïs. À l’instar de Danse avec les loups ou Little Big Man, Le dernier samouraï enregistre une confrontation intense entre deux cultures : un individu pénètre dans une communauté et tente d’y faire ses marques.
En apparence, ce film narre le récit initiatique d’un homme qui redécouvre le sens de la vie et de l’amour. En réalité, ce sujet cache une histoire d’amitié forte entre deux hommes (un Américain et un Japonais) qui apprennent à se connaître et finissent par s’aimer fraternellement. Cette relation exalte des valeurs telles que l’honneur, l’abnégation et l’héroïsme. La première partie, étirée et introductive, met un certain temps avant de poser les enjeux dramatiques d’un script cousu de fil blanc. Par conséquent, le final qui se veut spectaculaire est une récompense arrivant un peu tard, même s’il n’en demeure pas moins un morceau de bravoure impressionnant, s’accordant plutôt bien avec la musique de Hans Zimmer, pour une fois aussi adéquate que pompière.
- © Warner Bros.
Seulement, si la thématique (l’étranger qui s’initie à une culture différente, la perte progressive des préjugés, l’acceptation de l’autre...) est a priori séduisante, le traitement emphatique en réduit paradoxalement la portée et n’arrive pas à faire oublier moult situations archétypales et pléthore de personnages taillés dans le marbre manichéen. On peut également trouver agaçant le fait que tout semble avoir été mis au service de sa Majesté Tom Cruise, filmé sous toutes les coutures. L’acteur a fait des efforts monstres pour donner de la conviction à son personnage (il s’est entraîné à manier le katana pendant quatre mois) et certainement pour s’arracher la reconnaissance de tout-Hollywood... Cela étant, on assiste à tant de blockbusters gangrénés par le délétère cynisme qu’un tel retour aux sources et aux fictions carburant au premier degré peut satisfaire. Ce sera une raison suffisante pour certains spectateurs de s’émouvoir devant ce drame lyrique et artificiel qui n’évite pas les débordements lacrymaux. Les autres, en revanche, regretteront la subtilité et l’intelligence d’un Kurosawa...