Avec le temps, va, tout s’en va...
Le 8 février 2025
Quand un producteur prend conscience que la vie n’est pas aussi interchangeable qu’un scénario de film... A la différence de ce dernier, Elia Kazan quitte le cinéma par la grande porte.
- Réalisateur : Elia Kazan
- Acteurs : Robert De Niro, Tony Curtis, Anjelica Huston, Jack Nicholson, Jeanne Moreau, Robert Mitchum, Dana Andrews, John Carradine, Ray Milland, Seymour Cassel, Donald Pleasence, Jeff Corey, Theresa Russell, Ingrid Boulting, Peter Strauss
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Les Acacias
- Durée : 2h03mn
- Reprise: 12 décembre 2018
- Box-office : 471 737 entrées France
- Titre original : The Last Tycoon
- Date de sortie : 13 avril 1977
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Résumé : Monroe Stahr est directeur de production d’un important studio hollywoodien. Depuis la mort de son épouse, il s’est lancé à corps perdu dans le travail et un jour, sur un plateau, rencontre son sosie en la personne de Kathleen. Il lui arrache un rendez-vous et passe la nuit avec elle mais au matin elle a disparu.
Critique : Passionnant. Un groupe de visiteurs découvre les ficelles des tremblements de terre pour les besoins du film San Francisco. Une partie de la magie de l’usine à rêves est dévoilée. Par la même occasion, il découvre aussi la loge de l’actrice légendaire Minna Davis, l’épouse trop tôt disparue du grand producteur Monroe Stahr (Robert De Niro), dont les fenêtres de son bureau personnel sont désignées par le guide des lieux. Alors qu’une véritable secousse déferle sur un des plateaux de tournage, Monroe Stahr est subjugué par la ressemblance d’une figurante avec sa défunte épouse. Il mettra tout en œuvre pour conquérir son cœur...
- © 1976 Gelderse Maatchapij N.V. Tous droits réservés.
Comme l’avaient fait avant lui Billy Wilder (Sunset Boulevard) et Vincente Minnelli (Les ensorcelés), le très grand Elia Kazan, en adaptant le roman de F. Scott Fitzgerald, s’intéresse à l’envers du décor, ou quand la réalité dépasse la fiction. Perfectionniste dans l’âme, Robert De Niro prête ses traits et son jeu d’acteur sans faute au plus grand producteur de l’âge d’or hollywoodien, Irvin Thalberg. Adapté par Harold Pinter (The Servant, Accident et Le messager de Losey ; mais aussi La maîtresse du lieutenant français), cette œuvre-testament permet à Kazan de faire ressurgir ses vieux démons : que ce soit la mainmise des producteurs sur la version finale d’un film concoctée par le metteur en scène, ou la chasse aux sorcières à laquelle il prit part et dont on le blâma exagérément (avec le personnage communiste interprété par Jack Nicholson). L’ascension puis la décadence du producteur est finalement une métaphore du déclin du "Nouvel Hollywood", annonciateur de l’ère du merchandising à venir tournée vers le numérique et l’image de synthèse. En effet, sa sortie en salles qui précède de quelques mois celle de La guerre des étoiles sera un échec cuisant. Pourtant, Le dernier nabab marque l’épilogue somptueux d’une carrière tout bonnement exceptionnelle : Un tramway nommé désir, Sur les quais, À l’est d’Eden, Baby doll, La fièvre dans le sang, America America ou encore L’arrangement.
