Jean Paul Picaper récidive. A la suite de son livre sur les enfants nés en France pendant la dernière guerre, d’un père allemand et d’une mère française [1], il reçoit de nombreux courriers de personnes originaires d’une situation similaire mais, si l’on peut dire, en sens inverse. Il décide alors d’enquêter sur ces amours de guerre entre Allemandes et Français prisonniers de guerre ou envoyés en Allemagne par le STO. Construit en deux parties, son livre propose tout d’abord une série de témoignages sur ces affairres de cœur hors norme, puis les éclaire historiquement, en décrivant ce qu’était la vie des civils sous le IIIe Reich.
Effroyable période, où la dénonciation vous guettait chaque jour et où s’aimer relevait du délit politique. La vie privée est réduite à néant dans cette Allemagne-là, sous le joug, qu’a décrite avec un réalisme terrifiant Hans Fallada dans Seul dans Berlin. La fin de la guerre et la réconciliation franco-allemande n’effaceront pas les traces du traumatisme et beaucoup de ces femmes ayant eu une laiaison avec l’ennemi se terrent encore aujourd’hui dans le silence, ou sont mortes sans avoir parlé. Les ouvrages de Jean-Paul Picaper et les émissions de télévision auxquelles il a participé ont servi à cet égard de véritable catalyseur, provoquant une prise de conscience de part et d’autre du Rhin. Désormais, ces enfants poursuivis par la honte et qui ont grandi dans les non-dits savent qu’ils peuvent prendre la parole. Et qu’ils seront considérés comme des êtres humains, victimes de l’Histoire. Peut-être trouveront-ils un apaisement à ce constat. C’est en tout cas le souhait de l’auteur de ces livres indispensables...