Parce que le cinéma a besoin plus que jamais de ses spectateurs
Le 18 mars 2020
Le monde du cinéma est particulièrement touché par la crise du coronavirus. Salles fermées, annulations et reports de sortie frappent de plein fouet un secteur qui prend beaucoup de risques pour notre bonheur de cinéma.
Pyramide Distribution, Destiny Films, BAC Films, SHELLAC Distribution, Memento, Ad Vitam, ARP, Carlotta Films, Haut et Court, Le Pacte, Rezo Films, Mars Distribution, KMBO, Wild Bunch, Happiness, etc. Tous ces noms bien connus, qui commencent toujours les films, désignent les distributeurs. Un distributeur est au cinéma ce qu’un éditeur est à la littérature. Autrement dit, ce sont les distributeurs qui achètent les droits de diffusion d’un long-métrage et en assurent la distribution, la publicité et tentent de convaincre les cinémas de projeter leurs films, au milieu de la marée de longs-métrages qui sortent chaque mercredi. Dans la longue famille des professionnels du cinéma, ce sont peut-être les distributeurs qui prennent le plus de risques avec les producteurs. Les producteurs, qui sont les investisseurs en quelque sorte d’un film, demeurent les interlocuteurs principaux du réalisateur et ont en charge de gérer les lignes d’emprunt et les sources de financement du projet de film. Aucun producteur ne prendra le risque de négocier un prêt à la banque ou de solliciter une subvention auprès du CNC ou d’une région de France, s’il n’a pas obtenu en amont l’intérêt d’un distributeur pour soutenir la diffusion du film.
Avec le coronavirus, le monde du cinéma est en crise. Derrière ces grands noms de réalisateurs, producteurs, comédiens, qui ne sont que la face visible de l’Iceberg du septième art, se cachent des intermittents du spectacle, des attachés de presse, techniciens, figurants, et tous les métiers concernés par la post-production et la diffusion des films. L’impact de cette crise sur le cinéma est largement sous-évalué par les médias. Le report de sortie des films à des dates indéterminées, la fermeture des cinémas sont une catastrophe pour le monde du cinéma et la création audiovisuelle en général.
Le cinéma vit parce que des salles acceptent de diffuser des films. Le cinéma vit parce que des spectateurs se déplacent dans les salles, payent une place dont une partie du billet est redistribuée au Centre National du Cinéma qui permet aujourd’hui en France, cette diversité des films français. Le cinéma survit depuis longtemps malgré l’ombre des téléchargements illégaux. Il faut des passionnés comme Hervé Millet, Carole Scotta, Eric Lagesse, David Grumbach, Alexandre Mallet-Guy, Brahim Chouia, Sophie Dullac, Farid Lounas, Alexandra Henocsberg, Isabelle Dubar, Michel Saint-Jean, Régine Vial, Jean-Michel Rey, Violaine Barbaroux, Stéphane Auclaire, etc. la plupart étant réunis sous le Label DIRE (Distributeurs Indépendants Réunis Européens) pour permettre à un art d’exception de fleurir sur nos écrans chaque mercredi. Le cinéma vit parce que des attachés de presse, la plupart indépendants, défendent bec et ongle des films aux formats très divers, qui arrivent par dizaines sur les écrans. Le cinéma vit parce que tous les jours, depuis les premières heures de la cinématographie, des spectateurs se réfugient collectivement dans des salles obscures qui vont sans doute changer leur vision du monde.
Plus qu’une catastrophe économique, la disparition de nos distributeurs français aurait le goût amer d’un coup d’arrêt de la production et de la diffusion de films. Le cinéma change le monde. Le cinéma est peut-être un des arts les plus accessibles à chacun, quelle que soit son appartenance sociale et culturelle. Le cinéma promeut le vivre-ensemble. On a vu ces dernières années la puissance politique du septième art pour dénoncer l’exclusion dans les banlieues, donner la voie aux personnes en situation de handicap.
Plus que jamais, la rédaction d’aVoir-aLire s’associe à la peine des Français de voir les salles de cinéma fermées et au courage des distributeurs et des producteurs. Les modes de diffusion vont évidemment devoir s’adapter pour faire face à cette crise sans précédent et les distributeurs ont déjà engagé un travail d’hybridation des modes de diffusion en dehors des grands écrans. Il faut lutter avec force contre les téléchargements illégaux qui finiront d’achever un cinéma au bord de l’asphyxie.
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