Coffret Richard Sarafian : pour le Convoi sauvage...
Le 19 septembre 2013
Un western somptueux, transcendé par des décors naturels et une interprétation de toute beauté.
- Réalisateur : Richard C. Sarafian
- Acteurs : Richard Harris, John Huston, Prunella Ransome, Henry Wilcoxon
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h45mn
- Titre original : Man in the Wilderness
- Date de sortie : 30 mars 1972
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– Sortie du DVD : 6 Juillet 2011
Un western somptueux, transcendé par des décors naturels et une interprétation de toute beauté.
L’argument : 1820. Un trappeur, laissé pour mort après avoir été blessé par un grizzly, tente de survivre au sein d’une nature hostile avec une seule idée en tête : se venger de ses anciens compagnons, menés par un capitaine visionnaire dont le navire est traîné par 28 mules à travers un territoire infesté d’Indiens...
Notre avis : Richard C. Sarafian reste pour beaucoup aujourd’hui le réalisateur d’un film : Point Limite Zéro, réalisé la même année que Le Convoi sauvage. Il serait pourtant plus qu’injuste d’oublier ce dernier à une époque où le western vivait ses dernières heures de gloire, sans doute l’un des plus beaux hommages que l’on pouvait faire au genre. La première scène donne d’ailleurs le ton : un convoi de mules tire, en plein milieu d’une nature vierge, un bateau qu’un chef trappeur cherche à amener jusqu’au Missouri, rappelant irrémédiablement le sujet du mythique film que réalisera une dizaine d’années plus tard Werner Herzog : Fitzcarraldo. Ce sentiment d’étrangeté qui s’empare alors de nous, soutenu par une sublime musique de Johnny Harris (surtout connu du grand public pour son tube disco Odyssey), ne partira plus.
On pourrait même parler de fascination tant les émotions se succèdent au fur et à mesure que les minutes avancent. L’environnement sauvage y est bien sûr pour beaucoup : sublimement filmée dans d’impressionnants décors naturels (le tournage fût à ce titre des plus complexes) et remarquablement mise en valeur par une réflexion intelligente sur la « renaissance » d’un homme, elle transcende le récit d’un bout à l’autre.
Sarafian ne se limite jamais à la simple beauté de la nature, nous proposant même des passages particulièrement réalistes, à l’image des pièges tendus par Zach Bass, ou sa façon de jeter un javelot sur un puma capturé quelques secondes auparavant. La loi de la jungle, c’est aussi ça : tuer pour manger ou mourir et être mangé : le choix est simple, et aucun grand discours n’y changera quoi que ce soit.
Réaliste, la lente guérison de Bass l’est aussi. Laissé pour mort par ses équipiers après avoir été attaqué très violemment par un ours, il doit survivre seul, ce qu’il fera à force de persévérance et de volonté. Cette obstination à survivre ne fait pas pour autant de lui un super-héros. Il est ainsi impuissant lors du meurtre de plusieurs Indiens par une tribu adverse, et reste caché tout du long.
Ni héros ni salaud serait d’ailleurs probablement la formule la plus appropriée, car Bass a beau être un homme simple, il n’en est pas simpliste pour autant. Les flash-back subtilement intégrés à l’intrigue sont à ce titre particulièrement éclairants sur sa personnalité et son passé, mais ils ne sont pas les seuls, comme en témoignent les très belles scènes où Bass se prend d’affection pour un lièvre, auquel il n’hésitera pas à lire un passage de la Bible dans lequel il se sera reconnu.
Mais si la relation entre le personnage de Bass et le cadre sauvage apparaît comme un atout majeur du film, on apprécie également le traitement choisi par Sarafian quant à la question des Indiens. Loin des clichés hystériques et racistes des premiers films de John Ford ou de Cecil B. DeMille, mais également distant de ceux croisés dans Little Big Man ou Danse avec les loups, les voilà ici débarrassés de leurs apparats habituels : danses, discours pacifique un rien pompeux... Le tout sans parler un mot d’anglais. La langue de Shakespeare n’est pourtant pas en reste grâce à l’interprétation remarquable de Richard Harris, magnifique de sobriété et d’émotion contenue, mais aussi de John Huston, splendide dans son rôle de Capitaine entretenant une relation complexe avec Bass, et ce jusqu’à un dénouement bouleversant d’humanité.
Difficile dans ces conditions de ne pas cacher notre enthousiasme devant une oeuvre aussi brillante qu’inattendue, aussi loin du western « classique » de John Ford que de celui plus violent de Sam Peckinpah, et qui ne nous laisse en définitive qu’un seul regret : que la carrière de Richard C. Sarafian soit tombée dans la médiocrité télévisuelle après 1975 et son beau Fantôme de Cat Dancing.
Le DVD
Une belle édition, enrichie par un livre captivant et la présence d’un deuxième film - mineur - du cinéaste.
Les suppléments
Compris dans une édition nous proposant également Le Fantôme de Cat Dancing du même Richard C. Sarafian, la grande force des bonus est une fois de plus chez Wild Side le passionnant livre de Philippe Garnier sur le tournage des deux films, riche entre autres d’une contextualisation des deux oeuvres et d’une évocation des conditions dantesques de tournage, le tout écrit par une plume des plus inspirées. L’entretien de 13 minutes avec Sarafian n’en demeure pas moins tout à fait recommandable.
Image
Mettant remarquablement en valeur la beauté des paysages et les couleurs assez sombres des costumes, la copie du film s’avère irréprochable, l’occasion idéale d’apprécier le remarquable travail des grands chefs opérateurs que sont Gerry Fisher et Harry Stradling Jr.
Son
Aussi bien en mono anglais que français, les mixages ne souffrent pas du moindre problème et c’est donc dans les meilleures conditions que nous pouvons apprécier l’incroyable musique de Johnny Williams et les richesses acoustiques du cadre désertique.
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