Capturer les émotions
Le 2 juillet 2013
Cinq ans après l’étonnant Valse avec Bachir, Ari Folman présente un film d’anticipation librement adapté du roman éponyme de Stanislas Lem.
- Réalisateur : Ari Folman
- Acteurs : Harvey Keitel, Robin Wright (Robin Wright Penn), Jon Hamm
- Genre : Science-fiction, Animation
- Nationalité : Américain
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 2h00mn
- Date de sortie : 3 juillet 2013
- Festival : Festival de Cannes 2013
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Résumé : Robin Wright (que joue Robin Wright), se voit proposer par la Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être librement exploité dans tous les films que la major compagnie hollywoodienne décidera de tourner, même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait jusque-là refusés. Pendant vingt ans, elle doit disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde transformé et aux apparences fantastiques…
Critique : En 2008, Ari Folman créait la surprise avec Valse avec Bachir, film audacieux considéré par beaucoup comme l’un des premiers documentaires d’animation. Le long métrage, qui traitait du conflit libanais du début des années 80, possédait un intéressant aspect autobiographique puisque le réalisateur a vécu, en tant que soldat, les drames de cette terrible période – le personnage principal était d’ailleurs le reflet de sa propre personne.
Avec Le Congrès, Ari Folman change de cap, et s’oriente plus que jamais vers la fiction, et plus précisément la science-fiction, puisque son récit constitue clairement le récit d’anticipation par excellence, présentant un futur certes fantaisiste, mais assurément hypothétique. Cette volonté de tisser un lien avec le réel est évidement accentuée par le choix de mettre en scène Robin Wright dans son propre rôle. L’actrice, en panne de notoriété, se voit proposer par La Miramount d’être « scannée », c’est-à-dire de voir son corps capturé par des caméras afin d’être, par la suite, reproduit numériquement dans des films. La femme perd alors son droit à l’image et, surtout, doit se résigner de ne plus tourner aucun film, son avatar étant là pour la remplacer, définitivement. Robin Wright, dans l’impasse, accepte malgré elle.
Le Congrès pose les bonnes questions – quel avenir pour un cinéma qui a fait de la course effrénée à la rentabilité son unique moteur ? -, mais ne parvient malheureusement pas à y répondre, puisque son récit s’embourbe presque volontairement dans un propos vaste et confus qui multiplie, avec maladresse, les angles de lecture. Le récit, s’amusant des frontières floues des genres qu’il pense incarner, s’avère beaucoup trop déstructuré pour convaincre et créer cette relation bilatérale entre Robin Wright et le spectateur, indispensable à la mise en place de son propos alarmiste sur la situation d’acteur – et, plus généralement, d’artiste. Difficile en effet de ressentir de l’empathie pour un personnage aux multiples apparences et à la personnalité floutée par une charge trop importante de symbolisme : présenté à la fois comme une mère engagée, une artiste déprimée et une femme amoureuse, le personnage imaginé de Robin Wright ne supporte que peu les enjeux dont il est le centre de gravité, faute d’un évident manque de véracité - bien que le film use parfois habilement de la figure de l’actrice déchue et offre de très belles séquences, notamment celle où l’actrice offre son corps aux capteurs meurtriers de La Miramount.
Au-delà de ces considérations scénaristiques, Le Congrès souffre d’un cruel manque de rythme et ne parvient jamais à produire du spectacle, malgré les magnifiques images qu’il propose en grande quantité – que ce soit dans sa première ou seconde partie. Ses dialogues sont longuets, ses séquences d’action ratées, et son incapacité à créer de l’émotion en fait un long métrage inoffensif, alors que sa dimension politique est évidente. À l’image des personnages de son film, Ary Folman s’est hélas perdu dans ses rêves et ses désirs de grandeur.
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